La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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LA CRITIQUE DES FILMS LA FOULE, par KING VlDOR (Melro-Coldwyn-Mayer) . Michel Gorel ecrivait dernierement dans YAm'i du Peuple du soir que le cinema americain renaissait tout de meme de ses cendres. Non, il n'etait pas mort, ni meme endormi, depuis l'epoque heroique ou regnerent les Ince, les MackSennett, les Griffith : emprisonne et surveille de pres par les censeurs, il preparait prudemment sa revolution. Suivant la litterature americaine d'une dizaine d'annees, le cinema va se lancer a la poursuite de l'Amenque. II faut qu'il s'affranchisse des histoires anglo-ecossaises, des romans de cape et d'epee, des operettes danubiennes, des nouvelles du Saturday Evening Post ou Ton raconte pour la cent millieme fois l'histoire de deux jeunes Americains 100 %: Bill, parti palefrenier, grace a son courage, devient rapidement millionnaire et sauve Mary d'un deshonneur auquel elle avait d'ailleurs vaillamment resiste. II faut qu'a Hollywood on trouve d'autres intermediaires que le film policier ou les exploits de chercheurs d'or pour exprimer la poesie de la vie des Etats-Unis. Les jeunes Americains ne veulent plus nsquer de se laisser etouffer par le chimerique, par les somptuosites de la Renaissance italienne, par les aventures rose, pourpre et or, par aucun romantisme, — pas meme celui de leur propre optimisme. lis veulent voir du reel, voir l'Amenque telle qu'elle est aujourd'hui. Mais, par orgueil et aussi par crainte, le peuple americain a horreur qu'on le revele a lui-meme ; il n'aime et il ne tolere que sa legende. On ne peut savoir quel sort il reserve au jeune cinema. Le peuple americain s'est reconnu dans les images ternblement nettes et sans mystere de la Foule; il a pris un air grave et appreciateur, mats il n'en garde pas moins rancune a King Vidor d'avoir choisi NewAork pour exercer ses puissantes quahtes de « revelateur ». Je n'aime pas la Foule. Je n'y ai nen rencontre non plus qui ait pu flatter mes passions, ni aucune de toutes ces choses qui m'achetent si facilement ou, au moins un instant, si infailliblement me touchent. Ce qu'il y a dans ce film est ties loin de moi, ne me concerne pas. J'ai vu la Foule dans les meilleures conditions, je crois, le Vieux-Colombier ayant retabh toutes les coupures (1 ) . Je dois avouer tout de suite que je n'ai pas pense a m'ennuyer une minute pendant les deux grandes heures que dure la projection de la bande et que j'ai ete, a plusieurs reprises, fortement emu. Je n'ai eu que le temps de remarquer les passages qui me deplurent. Car je n'etais pas libre devant I'ecran, j'etais tenu en respect. Le film nous fait voir la vie d'un type qui gagne juste assez pour nournr sa femme et ses enfants et qui ne progresse pas. II n'est pas specialement intelligent m malheureux; il n'a nen non plus naturellement du genie meconnu; il devrait etre completement perdu dans la foule, se laisser aller, attendre, mais il porte le poids d'une decision de feu son pere : « Mon fils deviendra quelqu'un ». James Murray est etonnamment a son aise dans ce role d'homme veule a qui il faut les plus graves circonstances pour prendre une decision efficace ou simplement pour fane un effort oil reapparaissent ses quahtes. On ne peut pas ne pas plaindre ce sauvage qui ne s'adapte pas au monde dans lequel on l'a jete, cette victime de toute une organisation qu'il ose a peine detester, puisqu'il doit tout de meme « arriver », cet homme qui n'a pas eu la force de se decouvrir ou 1'idee de fuir a temps et qui est finalement vaincu par 1'admiration de son fils et l'attachement de sa femme. Eleanor Boardman est admirable tout le long du film. On la voit passer de son orgueilleuse mais gentille reserve de jeune fille a la conscience de son etat d'epouse, puis s'appliquer a satisfane son man, a le remplacer dans tout ce qu'il ne fait Ml Nous ne pouvons nous retenir a ce propos de signaler 1 affole men! des dirigeants du Gaumont-Palace pendant la premiere semaine de la Foule. Chaque jour la copie etait modifiee. amputee, selon les sifflets de la veille. C'est ainsi qu'on obeit a la fantaisie paresseuse d une trentaine de spectateurs, enfin troubles dans leur tranquilite, enfin indisposes, pour de bon, tout de meme genes par des images; c est ainsi qu'cn s'incline devant une bande d'autruches, au lieu de tirer un peu de fierle de pelites manifestations qui sont tout a l'honneur du film. (N. D. L. R.i