La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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LE CINEMA ET LES M CE U R S (1) Vi i e s lib e r e e s Je ne peux pas prendre les femmes et les homines des films americains pour des acteurs — qui jouent des roles, qui represented des personnages, dont la profession est de jouer la comedie, ceux, celles que feignent des sentiments qu'ils, qu'elles n'ont pas, des creux simulateurs, des hypocrites. Rien ne parvient a attenuer l'idee que j avais dans mon enfance que c'etaient leurs propres vies qui se passaient sur l'ecran et qu'on en voyait seulement ce qu'on voulait bien en donner, c'est-a-dire les actes les plus frappants, les periodes les plus bourrees; ]e consacrais ensuite mes moments les mieux abrites a decrouvrir, a voir ce qui etait cache ou vole et que, si je les connaissais comme je les aimais, ces fees ne pouvaient pas ne pas accomplir. Mary Duncan, Greta Garbo, Virginia Valli, Edna Purviance, Georgia Hale, Dorothy Mackaill ne jouent pas dans les films. Elles vivent avec fievre les moments les plus nobles de leur existence, les plus genereux, les seuls emouvants. Elles s'abandonnent corps et ame a leurs passions et a leur reve et se decouvrent avec une sincerite bouleversante. Edna Purviance s'enivrait apres s'etre vue sur 1 ecran. Quand Greta Garbo sent s'appesantir sur elle un amour quelle redoute, quand l'inefficace frayeur qui la parcourt soudain donne a son visage cette tristesse degoutee, croyez-vous qu'un metteur en scene puisse lui faire modifier le moindre geste? et quand elle enfouit un enfant dans ses bras et le pleure d'avance en le couvrant de caresses precipitees. Aucune richesse, aucune satisfaction ne viendront voiler les yeux affames de Georgia Hale ni effacer la haine impenetrable qui marque ses levres : sa misere hautaine lui permettra de toujours dominer par son mepris, un mepris de mauvais augure. Mary Duncan ne savait pas elle-meme qui elle etait ll y a un an — avant de devenir cette longue femme vibrante lancee eperdument a la poursuite de l'amour. Mary Duncan ne fait que suivre Mary Duncan depuis l'heure ou elle s'est baignee pour la premiere fois dans la lumiere magique du cinema et quelle s'est laissee introdruire dans une aventure dont le reve a gagne ses sens et son coeur. Ne la perdez pas des yeux : elle rayonne, elle brule, elle tremble, ses mains, ses dents sont dangereuses, elle ondule, elle va bondir, — je brule la cervelle au premier aui dil, qui pense qu'elle mime — la passion s'est n'fugiee dans ce corps et l'emeut jusqu'a la folie, la crainte tord un instant sa bouche, glisse le long de sa chair, flambe dans ses yeux qui pleurent des perles, elle a peur de cette passion redoutable, ravissante, qui va lengloutir. Dorothy Mackaill se perdra. Esperant tout de ce qui va arnver, intrepide, familiere, prete a toutes les folies, seulement guidee par ses desirs et par sa hai < I I Voir n" 1 : Le Cinema el I' Amour, par J. Bernard Brunius, La Feneire Magique, par J. G. AuRIOL; n" 2 : Les Dangers du Cinema, par J. G. AuRIOL.