La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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LA CRITIQUE DES FILMS LOULOU (Die Biichse der Pandora) par Georg W. Pabst (Franco-Film) . J'ai vu a Berlin le magnifique film que Pabst a tire de « La Doite de Pandore » de Frank Wedekind et qu'on vient de presenter a Paris sous le titre de Loulou; sous l'oeil approbates de la censure, vigilante gardienne des mceurs, on en a fait une ceuvre moralisatrice qui pourrait s'intituler « Z e rachat d'une ame ». Paubre Pabst! II sera bien etonne quand il vena le film qu'on a fabrique avec son film! Tous les personnages ont change de personnalite: la belle gousse passionnement fidele et devouee a Loulou, si devouee qu'elle essayera de se vendre — et a quelle brute! — pour lui procurer de l'argent, se change en amie d'enfance (ce qui est bien possible, en somme, et n'empeche rien) . Je crois qu'on a mise ici un peu trop sur l'indulgence et la credulite du public; je doute qu'il accepte de voir en cette femme — regardez-la done ! — une image de la pure amitie. L'amant de Loulou n'est plus le fils, mais le secretaire de l'homme qu'elle epouse et qu'elle tue le soir meme des noces; par ce subterfuge aussi simple qu'habile (?) on fait d'un fils denature et quasi incestueux (cf. Phedre) un jeune premier sympathique dans le malheur. Le pere de Loulou — peut-etre son premier amant — sinistre vieillard qui se soule, triche au jeu, vole sa fille et s'improvise entremetteur quand il le faut, devient son pere adoptif; alors, on ne peut pas trop lui en vouloir, a ce bonhomme, e'est un brave cocur, malgre tout, et les peres, ies vrais, peuvent dormir tranquilles, l'honneur est sauf. Coupable du meurtre de son mari, condamnee a moil, et s'enfuyant de la salle du tribunal grace a la complicite de ses amis qui provoquent une panique en cnant « au feu! » Loulou, en France est acquittee. Pourquoi? A partir du proces, le film devient si different de 1'ceuvre de Pabst, que Pabst lui-meme aurait peine a le reconnaitre ! Toute la partie situee a Londres — d'un style etonnant, ou Pabst montrait le gout dun Dickens pour les fameux brouillards propices au crime — toute cette partie a ete honteusement remaniee. Le role de Jack l'Eventreur (joue par Gustav Diesel) est suppnme. Dans le film de Pabst, e'etait 1'homme que Loulou, une nuit de Noel, racolait sur le trottoir et c-mmenait dans sa mansarde ; la, devant une bougie et une branche de gui, l'Eventreur s'attendrissait. Merry Christmas!... Les caresses de Loulou le tiraient de son reve ; elle le prenait dan.i ses bras, il la renversait, les yeux hagards. Toute l'horreur de ce qui allait se passer se degageait peu a peu et arrivait au paroxysme pendant la fermeture fondue ties lente. Dans la version francaise il ne reste de Londres que l'Armee du Salut, son drapeau et sa fanfare, « symbols sacre » qui touche le cceur jusqu'alors insensible de Loulou et l'amene d'un seul coup au repentir. Sans doute va-t-elle s'enioler dans la pieuse cohorte. Voila le job travail que les editeurs nan?ais ont accompli. J. B. Le moment d'agiter la question de la censure n'est pas encore venu et, jusqu'a nouvel ordre, on peut quelquefois endurer la suppression d'une scene, si le scenario ne se trouve pas, de ce fait, altere. Mais il est absolument intolerable que des editeurs timores prennent l'initiative de remanier l'esprit dun film et les caracteres qui y vivent. Le travail de Pabst demeure evidemment magnifique, mais il n'a plus aucune signification, et si le public — qu'une presse complice (cf. J. V. Brechignac, Pons Vous, 25 avril' aura maintenu dans l'ignorance — ■ n'admire pas Loulou, nous ne pourrons Ten blamer. (N. D. L. R.). ■ DEUX FILMS RUSSES. (LETTRE DE BERLIN). Berlin est propice aux films russes : nous avons eu Le Village du Peche, nous avons eu Incendie a Kazan, nous avons eu Anna Sten dans L' Enfant de /' Autre. On vient de presenter maintenant Le Cadavre vivant de Fedor Ozep et Tempeie sur FAsie de Poudovkine. Le Cadavre vivant n'est pas purement russe. C'est un « deutsch-russischer film » et Ton y trouve meme, ma parole, Maria Jacobini. Cet essai d'internationalisation enleve, a mon avis, de la puissance et de la verite a une situation pourtant ties belle et ties dramatique : l'histoire de Fedja, un homme mane dont la femme aime un autre homme, et qui tente de se liberer et de la hberer elle-meme sans y parvenir. Ne voulant in se resigner, ni jouer la comedic, ni mourir, il se vena pourtant reduit par les lois et la force des choses a cette derniere solution. II est toujours tragique de voir un homme devore ainsi par les chiens de garde de la societe, — surtout un homme prive de cet arrogant avantage de la beaute, qui permet aux heros americains d'etre partout a leur place. Mais on a pitie de Fedja, on ne l'aime pas. Tout le long du film on est un peu mite par cette these trop bien soutenue, par ce perpetuel etalage d'arguments tendancieux, trop bien choisis. Malgre la molle prostituee, aux bottines delacees, malgre le cafe chantant, son orgue mecamque, les tours byzantines, le quartier tzigane aux mille tambourms et surtout cet homme etrange qui