La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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DU CINEMA LA FEMME AU CORBEAU (The Rico) , par Frank BORZAGE (Fox) . C'est une plaisanterie du meilleur gout que de faire entrer du symbole dans une ceuvre dart. Cela devient une plaisanterie admirable et digne du Joyeux-Drille quand la partie symbolique de l'ceuvre passe absolument inaperque ou est inexistante, et que les gens intelligents sur la foi de vieilles conventions se lancent a fond de train sur une apparence de symbole C'est le cas pour La Femme au Corbcau : pour beaucoup de gens, dont je ne suis pas, sans doute a cause du titre, a cause aussi de leur indigence mentale. le corbeau est un symbole (de quoi N... de D...!). Et puis voila, on n'y comprend rien (1). Mais ce n'est pas tout, un monsieur a qui la pudeur et ma reserve naturelle rn'interdisent de donner tous ses titles laisse les symboles de cote, mais se venge en nous infligeant les phrases suivantes : « II y a dans ce film de Frank Borzage une couleur et une atmosphere des solitudes du Nord de premier ordre. On pcnse a ]ac}( London, a Louis Hemon quelquefois » (et a mes reverences-parlers?) . Pas un individu porteur de plume ne s'est apercu de la presence du fleuve. Si vous voulez du symbole, en voila. Moralite : ou la puissance du titre. C'est un film d'une grande simphcite, de la 1'incomprehension presque totale qui l'a accueilli. Et quelle belle histoire ! Vers la source du fleuve un jeune male (Charles Farrell) se construit une peniche et il descend le fleuve vers la mer. A l'endroit ou Ton edifie une digue, il assiste a l'arrestation dun homme qui en a tue un autre qui faisait la cour a sa femme. La femme (Mary Duncan) reste seule. Le jeune male a regarde le spectacle de l'arrestation, a regarde la femme, mais ne lui a pas attribue les emotions intimes qu'il a sans nul doute ressenties. Plus tard il va se baigner dans le fleuve, et, nu, au moment ou il va l'aborder, il se trouve face a face avec une femme assise sur un rocher et qui ne se voile pas la face. (Rien ne m'otera de l'idee qu'il y a un trou dans le rocher auquel Charles Farrell regardant Mary Duncan s'agnppe, et qu'au rythme du courant...) Par un agreable concours de circonstances qui ne valent pas d'etre I I ( Je liens a signaler la noble altitude de M. Roger Trevise, qui dans Cinea-Cine du se fait le porte-parole des idiots en question. Son jugement entier est a citer et fera la joie des amateurs eclaires : << Frank Borzage est un photographe extraordinaire et il a le sens du paysage qui est dun vrai pemtre 'sicK La femme au corbeau a un point de depart extremement curieux I?). On a 1'impression qu'un tres beau film va se derouler, puis nous sombrons dans 1 incoherence < sic ' et le faux symbolisme. (Ne vous 1 avais-je pas dit?l Le corbeau qui semble devoir jouer un role essentiel (voir le titre > n'est la que par accident et n'influe en rien sur 1 action, ce qui est evidemment une erreur. (Voyez-vous ca, et c'est joliment dit.i Mais la photo est si belle hi est gentill et le jeu de Mary Duncan, celui aussi de Charles Farrell, sont si prenants qu'on subit tout de meme un certain charme (une pudeur bien explicable m'empeche de lui opposer mes arguments! dont on ne se rend pas tres bien compte. — Daphnis Roger Trevise. » rapportees, Mary Duncan et Charles Farrell restent seuls pour passer 1'hiver. Entree de la grande psychologic Cote male. Charles Farrell, qui n'est pas ties mali moins ce que n'importe quel homme normalement constitue se dirait a lui-meme en pared cas. Mais voila, son pent calcul se trouve faux et au bout d'un certain temps il ne comprend plus (c'est tellement plus simple au bordel!) abandonne la partie et n'est plus que le bon et utile toutou. Cote femelle : Mary Duncan (je jure qu'elle est vierge) , gold-digger d'une essence supeneure, forcee de rester seule, utilise ce grand beau gars pour faire le menu et le gros travail : quoi de plus naturel? L'espece d'effroi et de timidite qu'elle provoque chez Farrell la fait peu a peu s'mteresser a lui. II est beau et fort. II suffit qu'il s'absente pour qua son retour elle lui declare son amour. La stupidite de Farrell est alors splendide et logique : il comprend encore moins. Le corbeau, don de l'homme assassm, devien! le prctexte d'une scene magmfique qui abasourdit 1'assistance (ce corbeau, je lui donne une valeur de souvenir, mais. patience) . Farrell, au lieu de violer Mary Duncan sur-lechamp, veut supprimer le corbeau. II n'y aurait pas eu cet oiseau que Farrell se serait quand meme leve pour etemdre la lampe ou avancer la pendule II faut qu'il bouge d'une maniere ou dune autre, juste le temps pour Mary Duncan qui est une femme dans le genre de la taupe, de se rappeler qu'elle est vierge : recul de la femelle devant le male: reaction de defense, elle donne un coup de couteau a l'homme. Personne n'a compris pourquoi, mamtenant tout le monde le saura. Farrell n'a que deux choses a fane : violer la femme ou s'en aller. Sa robuste education paysanne le fait partir. Mais il faut qu'il se soulage d'une maniere ou d'une autre, et il commence a abattre des arbres en engueulant les hommes de la terre entiere. Dernere une fenetre, Mary Duncan regarde; que fait-elle avec ses mains? Epuise, inanime, Charles Farrell se retrouve chez la femme qui le rechauffe de ses seins et de tout son corps et le caresse des levies. Peu nous importe que Marsdon, 1'assassin du debut, revienne. lis descendront le fleuve, 6 Amenque, le fleuve qui punfie, le tout vers le manage Ce film a ete interdit dans bon nombre d'Etats amencains. C'est, a ma connaissance, le premier film qui aborde un sujet aussi dehcat que celui de la fngidite feminine. Mary Duncan y est splendidement amencaine, gold-digger et flirt, jusqu'au jour ou son corps trouve le corps de l'homme qu'elle aimera. C'est un type de femme un peu special qui ne pousse pas dans nos contrees de debauche, mais il me semble que tout devient lumineux du moment oil Mary Duncan repond non a Charles Farrell, lui demandant si elle est la femme ou la maitresse de Marsdon. Enc elle est, physiquement, une vierge effrayee devant le male qui a bane sur elle. Charles Farrell est grand, beau, fort et peu complique. Ce film tres beau m'a pleinement satisfait. II faut citer les seins de Mary Duncan dans sa robe printaniere, la 1 gnade de Charles Farrell, l'attente devant le retour de Farrell et la declaration, l'abattage des arbres, Mary Dun