La Revue du cinéma (1928 - 1929)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

Sur la scene de Robert Houdin, les jouets pleuvent d'une corne d'abondance, de faux musiciens manient la flute enchantee. Dans sa maison mecanique, « le Petit Patissier du Palais-Royal » distribue des brioches, subtilise les bagues, emprunte la monnaie. Or, les brioches dissimulent les bagues, et le Petit Patissier rend l'argent. Fabricant d'automates, Georges Melies vit complice des machines vivantes. II connait l'ondulation furtive, le declic revelateur que dissimulent au public une passe, une obsedante reflexion. S'il possede le secret des automates, (le canard de Vaucanson, le joueur d'echecs de Maelzel, les androi'des de Robert Houdin), la nature de leur fonctionnement le preoccupe, car il lui suggere de nouveaux stratagemes, un defile perpetuel d'inventions. La construction de ces objets, fabriques piece a piece, depasse le tour d'adresse. Leur aspect humain trompe l'ceil au point de confondre l'esprit. Le cinematographe n'est pas un art, c'est un appareil. Dessinateur, peintre, sculpteur, illusionniste, scenariste, decorateur, metteur en scene, acteur, homme a tout faire, Georges Melies ne se demande pas s'il sera virtuose ou non, il s'empare d'un instrument qui, mieux qu'aucun autre, lui permettra de s'exprimer. Pour qu'une megere se releve Belle-au-Bois, il faut trouver la fusion ; il faut trouver la superposition pour que le Christ, une fois de plus, puisse marcher sur les eaux. Le blocage d'un appareil transforme en corbillard l'omnibus Madeleine-Bastille, indique le true par substitution. En combinant un film et la musique de son repertoire Paulus compte-t-il, double par son image, eterniser le succes du Duelliste Marseillais ? Ce caprice de vieux chanteur a bout de souffle, le secret qu'il exige, donnent a Melies l'idee d'utiliser la lumiere electrique pour la prise de vues. Le hasard lui-meme assiste done cet appariteur qui ne laisse rien au hasard et sait prononcer la phrase terrible des magnetiseurs : Je le veux. En adaptant son imagination aux images, Melies revele un monde surnalurel. C'est dans ses ateliers de Montreuil, le premier studio, que ce monde s'organise. Les anges, les fees reclament un ciel, les demons et les monstres leur enfer. Dans un systeme de contreforts, de fils d'acier, de mats de fete foraine, Mademoiselle Aurore nage la brasse a travers les airs. Parmi les automobiles, les ballons spheriques, les sous-marins, s'ouvrent des trappillons, des trappes en etoiles, des trappes dites tombeau. Entre les carrousels et les chevaux de bois, un jongleur deniche Dix femmes dam une ombrelle ; soudain jeune grec, il adore les divinites qu'il a lui-meme inspirees. Un proprietaire se deguise en