La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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Mais deja je peux a peine supporter qu'un film soit accompagne par un orchestre qui ne salt ce qu'il fait ; je veux que la musique qui accompagne un film ait un caractere obligatoire. Je veux entendre les bruits, les voix, ou ne pas les entendre, selon la volonte du metteur en scene. D'ailleurs, dans peu de temps, vous n'aurez qu'a bien choisir vos programmes — comme auparavant. Certaines phrases auront le meme mysterieux pouvoir evocateur qu, ces sous-titres que nous savions par cceur et que nous ne laissions jamais de prononcer avec des intonations assez solennelles qu'ils n'exigeaient nullement. « Jusqu'a quand vivrai-je ? » demandait l'etudiant au somnambule de Caligari : « Jusqu'a l'aube ». II me semble que j'ai besoin d'entendre la voix qu'avait Pauline Starke pour dire a Lars Hanson : « Vous entendez ? Une damnee rude chance que l'enfant soit mort ». Car les films parlants contiennent dans leurs inflexions un mystere nouveau qui s'empare de l'ouie et de l'imagination pour nous ravir. J'ai retrouve, avec les premiers films parlants, cette inquietude en attendant la projection que j'avais perdue depuis les impressions a demi clandestines de n'importe quelle matinee de cinema il y a dix ans et depuis les miracles du Cine-Opera — ou, au milieu de cinq personnes de hasard arrivees egalement avant 14 heures, apres les danses de Picratt ou les ebats desordonnes des Christie-girls, sont apparus, pour modifier ma destinee, Caligari, le Docteur Jekyll, Nosferatu et des femmes comme Priscilla Dean, amazone terrible, pourtant tout a coup desemparee par la piqure a la levre d'une abeille cachee dans du miel sauvage. J'allais chercher a travers l'ecran une impulsion de vie magnifique, une ivresse fructueuse, je decouvrais. Les limites rectangulaires de la projection n'etaient plus alors pour moi un cadre mais quelque chose comme mes mains disposees en lunettes autour de mes yeux ; et je poursuivais eperdument ces etres qui m'ont entraine dans des aventures ineffacables. Je me suis abandonne avec une cunosite presque aussi etonnee et favorablement genereuse en presence des personnages de The Broadway Melody, des Folies Fox, d'/n Old Arizona. Je ne cherche pas a expliquer pourquoi un spectacle comme 77ie Broadway Melody m'a remue, pourquoi certains passages de cette histoire a la disposition de tout le monde, transmis par des moyens encore imparfaits, m'ont emu jusqu'aux larmes. J'aimerais ce film meme s'il n'avait fait que reveiller une vieille sentimentalite fragile et confuse dont j'ai le plaisir de ne pas avoir honte. Je dirai aussi d'autre part, que j'aimerais The Broadway Melody, que j'aimerais les Folies Fox, meme si ces films n'avaient fait que me faire decouvrir un chemin que je n'osais pas soupconner et dans lequel je desire irresistiblement m'enfoncer. Jean George Auriol. 48