La Revue du cinéma (1928 - 1929)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

UN CHIEN ANDALOU (1), par Louis Bunuel (Studio-Film). Lorsqu'il y a quelques annees nous nous efforcions a prouver qu'un film pouvait se passer de sujet, il fallait justifier les documentaires, ou ces bandes qualifiers a tort et a travers de « films purs » (encore une fois, ce ne sont pas seulement des essais), il fallait entendre qu'un film peut n'etre ni romance, ni anecdotique. En depit d'un medecin musicographe qui elaborait maintes risibles confrontations symboliques, et une esthetique de la musique visuelle, quelques manifestations particulierement abstraites de la poesie obtinrent d'etre considerees comme une possibility du cinema. L'insolence des gens de theatre et romanciers a l'affiit d'adaptations valait, a cette epoque, qu'on pi it la peine d'une telle demonstration, vouee par la suite a un gros succes. Parce que, depuis, sous pretexte de cinema et pire, de cinema pur, mots qui aujourd'hui menacent de devenir tabou a 1-egal des autres denominations artistiques, on propose comme chefs-d'oeuvre des acrobaties d'ordre purement technique, le moment est venu de revenir sur la question du scenario. Je m'excuse beaucoup aupres des pauvres gens qui ont assimile, seulement quatre ans en retard, ce qui, a ce moment, etait une reaction de defense contre les pires traditions du cinema dramatique deja etablies, et en ont desormais tire un systeme bien commode qu'il va falloir reviser. Je m'explique sur des exemples. Le Ballet mecanique, Jeux des reflets ct de la Vitesse, Emak-Bakia, films sans histoire, n'en necessitaient aucune. L'absence d'affabulation logique ne represente aucune abdication de l'esprit. Au contraire, la vulgarite du sujet est l'indice le plus sur de la betise. Car c'est ici qu'il faut choisir. Si vous racontez une histoire, il est indispensable qu'elle soit belle. Ainsi, dans le Dernier des homines, la technique propre du cinema : decoupage, prise de vue, montage, etait poussee a l'extreme, dans le dessein pourtant bien simple de nous raconter une lamentable aventure de portier galonne. Ce film ou, parmi quelques sentiments peu dignes d'attention, intervient notamment le gout de l'uniforme, ou la douleur du portier defroque est jetee en pature aux attendrissements des gens de maison, n'a jamais pu interesser que quelques cuistres pleurnichards. Theme, these, sujet ou anecdote, je voulais en venir a l'importance du scenario et au Chien andalou. Ce que confinement nous attendions, la confirmation qu'aucun echafaudage theorique ne peut remplacer, Louis Bunuel et Salvador Dali, scenaristes, nous 1'apportent avec un film d'une logique abasourdissante. Le « siecle de l'oeil », annonce par certain litterateur avec ces allures de prophete qui sont bien le sommet du ridicule, a tout juste dure le temps d'une plaisanterie. Dans la premiere minute de son film, Bunuel d'un coup de rasoir enfonce dans les orbites leurs yeux luisants, aux voyeurs-de-belles-photos, aux (1) C.ahiers JAr!, 1C2J V. 67