La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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des, mais craignent de se tromper, ne les ayant jamais employes qu'a d'autres usages). Nous nous souvenons des articles que Jean Prevost donna aux Nouvelles Litteraires et a la N.R.F. et au rire qui nous prenait devant ces dissertations sur les contractures du sterno-cleido-mastoYdien chez John Barrymore ou l'alignement des poils dans le sourcil gauche d'Adolphe Menjou. Maintenant que ces affirmations burlesques sont reunies et cimentees on un corps de doctrine, il convient peut-etre de les prendre au serieux et de perdre son temps a les refuter. Au fait, c'est assez simple. Remarquons d'abord que le cinema, merae dans le jeu des acteurs, echappe pour une part importante a la mimique telle que la definit Jean Prevost : une imitation consciente de certains gestes, depourvue dU sentiment que ces gestes doivent exprimer. II suffira de citer Nanouk, Moana, la Croisierc Notre. Si un homme peut atteindre cette perfection dans 1'expression rien qu'en agissant et sans mimer, on pourra se contenter de demander a l'acteur d'ignorer la presence de l'appareil de prise de vues (Flaherty) ou bien la lui cacher (Dziga-Vertoff). En ce qui concerne les films qui reposent tout entiers sur la mimique, parce qu'une intrigue compliquee y tient une place essentielle, il convient d'observer que l'important n'est pas une image, mais la suite des images. Dans de pareils films, ce sont les evenements exterieurs qui inscrivent sur la face des personnages les sentiments que nous y lisons. La preuve de ceci a ete apportee par Poudovkine qui a fait l'experience suivante : II a pris une assez longue bande ou un acteur gardait la meme expression, Dans cette bande, il a intercale differentes scenes : une explosion, un repas, une femme, etc. Ce film fut projete devant un public non preyenu qui ne manqua pas de lire successivement sur la face de l'acteur la peur, la faim; le desir, etc. Restent maintenant ces ceuvres qui ne servent qu'a illustrer les dons d'un interprete. Meme ici, les preceptes de Jean Prevost n'ont pas cours. Les confidences des meilleurs acteurs, celles de Chaplin specialement, nous enseignent qu'ils cherchent avant tout a se mettre dans un certain etat — qui, bien entendu, n'est pas exactement celui de leur personnage — et qu'ils sont obliges de tout recommencer quand ils se soucient exagerement des details. Lorsqu'une meme scene est filmee plusieurs fois, le realisateur est souvent amene a choisir la version oil un incident imprevu s'est passe au cours de la prise de vues (chapeau tombe, verre renverse, mouvement inattendu) parce que cet incident a fait oublier aux acteurs l'attitude qu'ils s'imposaient et leur a donne par suite plus de liberte et plus d'aisance. Decidement, a suivre les conseils de Jean Prevost sur la maniere de plisser verticalement son front ou de serrer les deux derniers doigts de la main contre le mont de Venus, les acteurs debutants seraient encore plus voles; qu'a deambuler devant un appareil prealablement vide de toute pellicule vierge. Ces trois ouvrages traitent uniquement du cinema muet. Aucun d'eux n'a le courage de reconnaitre que, les jugements et les previsions de leurs auteurs fussent-ils exacts, ils risquent fort de perdre rapidement toute valeur et tout interet par suite de l'avenement du film parlant. Denis Marion. 79