La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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gachera au plus bas prix le minimum de pelhcule qui permettra d'exploiter commercialement l'oeuvre avortee de Stroheim. Celui-ci n'a pas de mal a trouver un engagement et sa reputation lui permet encore de poser ses conditions a la Metro-Goldwyn qui laccueille : hberte absolue, credits llhmites, aucune obligation quant au sujet, aux acteurs, au temps consacre a la realisation. II se sent assez fort pour abandonner le genre qui a fait son succes et ll decide d'adapter Mac Teague de Frank Norns, un roman qui se passe a San-Francisco, dans la colonie allemande, ll est vrai. II exige de tourner la plupart des scenes dans leur veritable decor ; sur ses ordres, on reconstruit une maison dans un vieux quartier de la ville en l'equipant pour la prise de vues ; on loue une mine de charbon a une compagnie pauvre ; on va jusqu'a fane des recherches pour decouvnr quels endroits Frank Norns a exactement decrits dans son livre ; enfin, toute la troupe part pour le desert de Death Valley et y tourne dans des conditions invraisemblables. Tous les decors des interieurs sont fermes des quatre cotes et plafonnes, contrairement a l'habitude des studios. Chaque scene est vingt fois recommencee, amplifiee, renouvelee. La prise de vues devait durer six mois, elle prend deux ans et comme Metro-Goldwyn a stipule que le reahsateur ne serait paye que pendant le temps prevu, Stroheim — qui a carte blanche pour toutes les depenses et qui en use au point que le film termine coutera deux millions de dollars — ne touche pas un centime et, chaque matin, vient au studio a pied, les chaussettes repnsees, les vetements ehmes. Le montage seul dura plusieurs mois. Quand ll fut termine, Stroheim avait etabli une version qui aurait demande huit heures de projection. Elle fut refusee. II en proposa une autre qui n'aurait pris que quatre heures. Les dirigeants lui arracherent la pelhcule des mains et la confierent a des specialistes charges de la rendre propre a la consommation. Stroheim refusa de voir le film qui sortit alors sous le nom de Greed (Les rapaces). Mais nous, nous 1 avons vu. Dans une cdeur de pharmacie et de folie se deplacent des apparences humaines dont les miserables secrets transpirent sur la face. Elles ne trahissent d'abord, au gre des evenements qui les animent, que le ridicule pittoresque ou la banalite des sentiments par lesquels elles se voulurent grandes et belles. Mais il apparait bientot que ces ames dementes ne peuvent acce'der a lamitie, a l'amour, au desinteressement qua la faveur de ces bruits de meule dentaire et de piano mecanique, de ce grotesque des relations familiales et des ceremonies bourgeoises, de ces trahisons et de ces fausses generosites. Quand la vie a use ce mediocre decor, subsistent seulement les plus cruelles passions et l'envie, l'avarice, le sadisme ont tot fait d'opposer l'un a l'autre ces etres monstrueusement reduits a leur vice essentiel et de les precipiter a leur fin. 26