La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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Pans, un cychste porte un costume agremente d'attributs surprenants. La chute des corps se fait benigne, oubhant lacceleration reconnue par les lois physiques : le bicycliste tombe sur le pave d une chute qui semble se ralentir en se rapprochant du sol. De meme dans le Chateau du De'une femme, nageant sous l'eau, s'y coiffe, y jongle, fait des halteres, au mepris des plus elementaires experiences du moindre plongeur en eau douce. II nest plus ici d eau douce, d experience, ni de matiere. Tous les elements se disloquent, les regnes naturels se melent. Les Andalouses poussent comme des fleurs dans le sable au bord de la mer; les formes vacillent et se troublent, et s engendrent en des geneses imprecises. Des polls sous un bras se transforment en oursins : des fleuis deviennent etoiles de mer. Pour exprimer cet univers, ou les especes les plus lointaines, se melent en des unions batardes, des mots nouveaux, nes eux aussi de croisements monstrueux, apparaissent dans les sous-titres : Robert Desnos rend a la nuit son angoisse et son mystere en inventant (l eternebres » : et Man Ray, suivant sa plongeuse, decouvre un univers nouveau qui s'ouvre au " piscinema ». Chacun deux, Man Ray ou Bunuel, se prenant lui-meme a parti, exerce sa joie dislocatrice et son desir de hberte, sur les facultes qui lui sont le plus famiheres. Man Ray, plus sensible aux formes, moms sensuel, attend le miracle de jeux d'objet, de vues du monde, plutot que de mouvements internes de sa chair ou bien de ses nerfs. Et sa frenesie s'exerce sur les objets qu'il deforme et qu'il disloque — ou sur des paysayes de reve et des metaphores de matiere, qu ll ccupe avec une joie cruelle par des pleins-ciels eclatants ou des cliches documentaires. Attentif aux frontieres des choses, a ces hmites arbitraires par quoi les corps se distinguent, saboteur des formes precises — il ne peut decrire un chateau sans l'eparpiller en lair, ou sans charger de mystere les aretes geometriques, voulues par un architecte moderne. C'est aux frontieres de notre corps, la ou nos amours s'extravasent et ou le monde nous assiege, que Bunuel, carre sur ses hanches, fonde sur sa chair mteneure, cherche a porter le vertige. Tout ce sur quoi son corps bute ou s'arrete, tout ce qui le limite, chair etrangere, distance, temps, se disloque au cours de son film. Le temps recule : un personnage menace du revolver 1'image de son passe; l'espace s'abolit pour un mourant, dont la^onie extra-rapide commence dans les murs dune chambre pour se terminer sous les arbres. Des chairs se revetent ou se cachent, se deshabillent ou se rhabillent, se couvrent de polls ou dinsectes, selon que le desir les presse, ou que la mort les menace. Et pour defter jusqu au desir, ce sensuel que la chair oppresse impose un masque d impuissant, bavanl, yeux revulses et douloureux; a l'amoureux qui caresse des seins et des fesses nues. 42