La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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Plus intellectuel chez Man Ray, plus preoccupe de technique pour echapper a la technique, ou de logique pour la defter, plus sensuel dans Un Chien andalou, le meme desir de liberte dresse centre ses facultes e'est-a-dire contre ses prisons l'un et l'autre des cineastes. Liberte qui semble plus complete puisqu'elle abolit ses hmites, liberte que Ion atteint vite dans un lieu ou toutes lois se relachent a votre fantaisie, mais liberte sans revanche, sans joie reelle. sans possession et dont l'exaltation feconde n'apparait pas dans le rictus du personnage de Bunuel, ni sous les resilles opaques qui preservent du nionde et d'euxmemes les notes du Chateau du De. II est des films amencains, qui semblent faire toutes les concessions au monde. Les prisons y ont des geohers. Des societes anonymes exhibent, avec jaquette et huit-reflets, le president deleur conseil d'administration. Des problemes commerciaux se posent. Des armees en guerre s'affrontent. Et pour leur principal heros la question du succes se pose, ou plutot de la reussite, comme on dit en termes courants. Ce heros est Buster Keaton. Ses ambitions, selon les films, sont depouser celle quil aime, malsre la nvalite d affaires qui separe leurs parents — ou de se faire engager comme operateur dans la maison de films, dont il courtise la dactylo... Conformiste sans pretention, ll accepte tous mecanismes, d'ordre naturel ou social. Son etourdene s'y encadre : sa maladresse y fait son chemin, un chemm sur et triomphant puisqu'a la fin de chaque film, Buster Keaton 1 emporte sur tous ses rivaux consciencieux, bien doues, gens en place ou inahns. La maladresse triomphante, letourdene recompensee marquent deja un humour et un sens de 1 anarchie qui, pour sexpniner dans les cadres de lactivite courante, ne sont que plus agressifs et plus demorahsants. Mais Buster Keaton va plus loin. Dans la societe hierarchisee et sans espoir ou se deroulen'c deux de ses films, Cadet d Fau douce et la Croisiere du Navigator, il cause un trouble de cauchemar ou d'hallucination. Cependant, il accepte tout : ministre, guerre, commer^ants. Les navires et les sous-marms obeissent a des leviers selon des lois mecaniques. Les sauvages sont anthropophages : et les chapehers font valoir sur la tete de Buster Keaton leurs modeles les plus classiques. Tout se passe selon les regies dans le mieux regie des mondes. Nulle entorse n est faite a la loi, ni aux lois de cet univers : nul accroc au determinisme. Et pourtant de fil en aiguille, sans hiatus et sans desertion, par le jeu normal dune intrigue, l'un de ces films aboutit a une nuit de cauchemar sur un paquebot desert, dont des conspirateurs ont coupe les amarres : 1 autre se termine en orage, qui fait s'envoler les demeures, et rompt les attaches des choses avec le sol et la raison. 43