La Revue du cinéma (1928 - 1929)

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On peut detester le Chien Andalou, on peut en avoir furieusement horreur, on peut etre malade, on peut hurler, on peut s'evanouir, ll est prouve qu'on peut nre aussi : 1 ceil soigneusement fendu par une lame de rasoir bien aiguisee, la main trouee, la main coupee, les anes saignants sur les pianos, autant d'eclats de rire dans la salle, surtout parmi les femmes. Les hommes, eux, s'ennuient plutot; ce qu'ils trouvent drole, c'est que lhomme qui tombe blesse meurt en caressant le dos dune femme, venue on ne sait d'ou. On ne sait plus quoi inventer! Ce film est absurde (exactement, mais ll faudrait s entendre) absurde dun bout a l'autre. Et les sous-titres : Huit ans apres, Seize ans avant, Au printemps ! On ne sait plus ou on en est. Le nre hystenque qui accueille Un Chien Andalou est, somme toute, plus explicable que celui souleve par La Femme au corbeau. II faut dire que « l'ehte » qui frequente fidelement cette salle y vient toujours dans l'espoir du scandale de bon ton, se rappelant avec delices le temps heroique des debuts, quand on lui offrait en spectacle tout un enterrement avec des couronnes de pain autour du cou galopant a la poursuite du corbillard. Ces amateurs dart dernier en, bien informes et toujours a l'affut de la mode, rebelles tout d abord et peu a peu soumis, sont actuellement deroutes. II se passe des choses mysteneuses, mcomprehensibles, dans cette maison de confiance : on y voit des films dune banalite deconcertante et que cependant la critique la plus autonsee declare etre des chefs-d'oeuvre. La Femme au Corbeau est de ceux-la, decevant et genial, a ce qu on dit. D'abord, ce nest pas de l'avant-garde, mais une simple histoire d amour de nen du tout, des etres humains comme vous et moi, des choses telles qu'on en voit tous les jours ; pas de technique, cette veneree technique qui fait du cinema un art difficile, plein d interet et de promesses. Heureusement que le sujet est assez « scabreux » et que le metteur en scene n'a pas recule devant certaines « crudites » — ce qui sauve le film. De plus, « 11 » est sympathique, « elle » est un beau brin de fille qui n'y va pas de main morte, comme disait ma voisine. On sourit d'abord, quand 1 admirable Mary Duncan presse sa poitnne de ses deux mains en pensant a lhomme quelle attend. Des ce geste, l'attention est eveillee et le rire gagne progressivement. On rit de plus en plus haut. Quand Charles Farrell se met a abattre des arbres sous la neige en criant a Mary Duncan qu'il la veut et qu'il l'aura, qu'il ne craint pas son amant, qu'il ne cramt personne parce qu ll 1 aime, on se tord ; quand elle s'etend sur lui, inanime, glace, raide comme un mort, pour essayer de le rechauffer, on se pame de rire, on en pleure, on en bave. 74