La Revue du Cinema (1947)

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futur, un besoin d'intelligence et de rythme. Nous étions en 1911. Il avait déjà eu l'idée de réaliser une anthologie visuelle du cinéma — qui a été présentée au Salon d'Automne — dont les fragments servaient à préciser le contenu d'un style en formation. Canudo est mort à Paris, le 10 novembre 1923. Fernand Divoire recueillit en 1927 ses écrits sur le cinéma dans un livre aujourd'hui très rare : L'Usine aux images. C'est là que nous trouvons les notes surprenantes du fondateur de l'esthétique du cinéma, ses critiques serrées, son « organisation mentale » des courants cinématographiques : Canudo sent déjà l'importance révolutionnaire du documentaire. L'art de Lumière a donc eu son Echermann; cette première recherche se reflétera sur l'avenir, quand le cinéma aura atteint la plénitude de ses moyens et de son expression, sinon sa maturité spirituelle; ce cinéma annoncé par John Ford, par René Clair, par Capra, par Flaherty, Dreyer, Chaplin, Poudovkine et Orson Welles. Nous n'oublierons pas, bien qu'il écrivit en langue française, que Canudo était Italien : la première esthétique cinémâtographique portera son nom. , ^ Lo Duc A tout montrer par des images « vraies » ; et voilà pourquoi on croit voir tant de « vérité » où l'écran, tout en ressentant si peu d'émotion profonde et vraiment esthétique. Le mot «vérité» — qu'il faut remplacer en ce sens par les mots : réalité grosse et superficielle — n'appartient à aucun genre de l'art. Quel est le peintre qui a fait « vrai » dans le sens de nos cinégraphistes ? Est-ce Léonard, avec les attitudes semblables de ses androgynes? Sont-ce tous les peintres de la Nativité, avec leur arrangement idéal des personnages et des bêtes autour de la Crèche? Est-ce Michel-Ange avec son parti pris de grandeur, ou Watteau avec sa volonté d'élégances figées dans la grâce aimée par son siècle ? Le cinéma peut se permettre, et doit développer cette faculté extraordinaire et poignante de représenter l'immatériel. La nature-personnage. Le subconscient révélé. L'immatériel, ou ce qu'on appelle tel, évoqué en plastique et en mouvement. Voilà des domaines qu'aucun art ne pouvait aborder, et que la musique pouvait représenter. Le cinéma, lui, peut (et doit) les suggérer. je ne crois pas que le titre « film historique » donné à une catégorie particulière de la production cinématographique soit exact. Il ne l'est point en effet. Ces films n'ont d'historique que l'évocation de certains milieux ou de certains personnages du passé. Les seuls films historiques, dans le sens pur et émouvant du mot, sont évidemment ceux que l'on appelle au cinéma les « actualités », dont les plus tragiques demeurent les documentaires de guerre. Les autres, ce sont des films en costume. On en usera, et surtout, on en abusera de plus en plus. Peu de films résistent au temps qui passe. La médiocrité du milieu et des moyens intellectuels qui président généralement à leur fabrication ne leur permet pas d'atteindre à cette synthèse idéale et à cette vigueur représentative qui seuls peuvent défier les années et sont le propre de la véritable oeuvre d'art. Trop de préoccupations immédiates, trop de soucis de plaire au goût du jour et du nombre, font que les artisans de l'écran produisent rarement une oeuvre que l'on peut exhumer impunément. CANUDO. 9