La Revue du Cinema (1947)

A Mario Camerini, le cinéma italien doit avant tout Le Tricorne. (Il Cappello a tre punte, 1934). A cet artiste, le cinéma italien doit, avant tout, un film comme llcappello a tre punte ( Le Tricorne ) qui renionte à 1934 et où l'art de Camerini se renouvela avec bonheur en rencontrant l'inspiration picaresque d'Alarçon, auteur de la pièce. Le contact avec une matière plus riche que d'ordinaire vint renforcer son élégante aptitude à la stylisation et éleva le ton du film jusqu'à un grotesque savoureux et caustique. Et, brisant les limites du costume et du sujet littéraire, Camerini découvrit d'emblée une réalité italienne profonde et permanente dans l'atmosphère espagnolesque de la Naples du xvii^ siècle. La foire, la famille du Gouverneur, les prêtres, les conteurs populaires, les gabelous, la meunière appétissante, le Gouverneur et son sosie le meunier — incamés par les deux incomparables mimes Eduardo et Peppino De Filippo — restent aussi vivants, caractéristiques et plaisants dans notre imagination que les figurines de la crèche napolitaine. Blasetti, ou l'ardeur épique. Auprès de Mario Camerini, Alessandro Blasetti est peut-être la personnalité la plus étonnante de notre cinéma contemporain. Ignorant absolument tout du métier, il s'attaqua tout d'un coup aux difficultés de ce langage nouveau, que sa profession de critique cinématogra 21