La Revue du Cinema (1947)

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et les gestes, mouvements et attitudes les plus en harmonie avec leurs coutumes. La persévérance acharnée de ces pêcheurs, au milieu de leurs épreuves, leurs amours simples, leurs déceptions, leurs découragements donnent substance à des scènes d'une grandeur primitive qui découragent l'analyse critique et dont la poésie n'émane pas seulement de quelques détaUs heureux mais du rythme de l'ensemble. La tentative de Visconti n'est en aucun point comparable aux documentaires lyriques, romancés ou idéalisés dont la réussite appartient au passé, ni même à l'œuvre de Rouquier qui, dans Farrebiqiie, ne franchissait pas les limites que la matière choisie lui imposait. Dans La Terre tremble, toutes les possibilités d'intrigue et d'interprétation du film dramatique sont librement exploitées, sans pour cela que les difficultés "de ce nouveau mode de réalisation « à chaud » — avec des êtres et des choses arrachées à la vie même du lieu de l'action — donnent aux images un air de film expérimental ni d'ouvrage d'ethnographe ou de dilettante comme on pouvait le supposer au premier ab Drd. Visconti a su, en un discours pleinement articulé, donner une image synthétique du monde qu'il veut représenter : image fantastique et concrète, à la fois personnelle dans la vision et fidèle dans la recréation de la réalité qui fut à l'origine de son inspiration. Il serait risqué d'étudier plus longuement un film inachevé; mais, jusqu'à maintenant, les résultats déjà atteints nous permettent de parler d'un langage nouveau et d'une œuvre d'art. L'œil de Rossellini. Quels que soient l'apport nouveau et la valeur de cette dernière œuvre de Luchino Visconti, il est certain qu'avec Obsession commence un nouveau chapitre de l'histoire du cinéma italien. Roberto Rossellini est l'autre nom, non moins important, qui s'inscrit en tête de ce chapitre. C'est le succès inattendu et révélateur de Roma città aperta qui attira sur ce jeune réaUsateur l'attention généralement distraite de la critique. Quel est donc le secret de Rosselhni? Si nous examinons Rome ville ouverte, nous lui découvrons une certaine faiblesse, là où le film, dans sa construction, dans ses péripéties et ses personnages a encore quelque parenté avec les films ordinaires. Et l'on pourrait être tenté de regretter ce manque d'habileté à user des moyens mécaniques les plus éprouvés pour provoquer l'émotion. Mais c'est exactement sous tous ces défauts que germait la puissance d'un artiste prêt à accomplir .une espèce de révolution et qui, dans Paîsà, jetant aux orties quarante ans de routine cinématographique et de procédés narratifs coagulés, se lança à la poursuite de la vérité. La poétique nouvelle qu'il a créée prend sa source dans son inquiétude : quand il recherche, à travers mille histoires, l'histoire la plus simple, évidente jusqu'à paraître banale pour qui la juge d'après son contenu en « effets »; quand il fouille les aspects extérieurs d'un monde qui, à d'autres yeux, pourrait apparaître inerte et sans voix; quand il choisit, parmi cent visages, celui qui 43