La Revue du Cinema (1947)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

antre pour le transpercer dans sa masse et en extraire, à la pointe de son épée, un cœur insoupçonné que lui seul avait entendu battre... Fabrizi et Magnani avaient déjà joué ensemble; et sur un fond romain, le fond classique. Rossellini, hardiment, d'instinct, retourna la médaille de leurs interprétations de farce en dialecte et habilla le paysage touristique de la Ville éternelle de son plus sombre et plus moderne aspect de misère et de souffrance. La Magnani parlait toujours « romanesque » mais non plus pour faire rire; et elle tombait dans la rue, le ventre à l'air, abattue comme une pauvre chienne pleine. Il y avait là du nouveau, mais du nouveau pris sur le vif et que seul Rossellini, certainement, pouvait retirer de la rubrique des faits divers pour le montrer dans la terrible vérité morale qu'il recélait. Les circonstances de la résistance à l'occupation de Rome, qui réunissent dans le sacrifice un prêtre et un communiste, élevées par le jugement de l'artiste sur le plan universel de la lutte entre le bien et le mal, se présentèrent, intactes dans leur bestialité ou leur ncblesse, à la conscience des spectateurs qui oubliaient complètement qu'ils étaient au cinéma. Puis, en 1946, Paîsà s'offrit comme une suite d'impressions notées rapidement sur un carnet de journaliste, incitant beaucoup de gens à définir la formule rossellinienne comme celle d'un super-reportage qui est seulement la forme extérieure de son art. Car la puissance de suggestion de ce « journal » passionné émane de l'extraordinaire don de synthèse de Rossellini, lequel part du cas singulier pour faire appel directement et irrésistiblement à l'humain. En six épisodes de tons variés, en six croquis différents qui répètent un motif unique, Rossellini montra ainsi le visage d'une nation qui souffre; et ces images n'avaient pas l'expression fugitive de la chronique mais celle, ferme et dense, de l'histoire. Ce cri qui attire l'attention sur les misères d'une période atroce ne peut sortir de la mémoire de ceux qui l'ont entendu et qui se rappelleront cette accusation fixée dans un élan de fierté (épisode de Sicile), dans les yeux étonnés d'un enfant (Naples), sur une place déserte (celle de la Seigneurie de Florence), dans un massacre aveugle (les partisans de Comacchio), dans une absurde mais subHme aspiration à une paix inaccessible (le couvent). Ce ne sont pas des « instantanés » qui peuvent servir de documents historiques mais des visions qui sont déjà de l'histoire. Et quand, après les polémiques mensongères qui ont couvert tant de tonnes de papier de journal, paraîtront les images de Germania anno zéro, le public pourra, croyons-nous, percevoir plus directement l'essence du problème de la faim, de la mort, de la destruction de millions d'individus et en ressentir l'horreur dans son cœur. Le cœur de de Sica. Encore qu'il soit le résultat de tout un passé d'expériences cinématographiques, le subit épanouissement de l'art de Roberto Rossellini pourrait rendre valable l'hypothèse du « phénomène » exceptionnel, isolé, spontané... 45