La Revue du Cinema (1947)

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tant de gens étouffent, privés d'horizon. La figure du mari trompé, la grandmère avec sa famille paysanne, les angoisses du petit Prico et ses épreuves trop grandes pour lui, toute cette matière ingrate devenait si émouvante qu'elle atteignait à un certain lyrisme. L'entourage était férocement typé : de la tante modiste avec son amant aux locataires de l'immeuble, de la petite fille à qui Prico est confié aux collègues de bureau du père, de la modeste pension d'Alassio au monde élégant de la plage, dépeint avec ses gestes, son vocabulaire, ses inflexions de voix. A des moments d'une intensité douloureuse, le drame se concentrait sur la physionomie prodigieusement mobile du petit interprète : la fuite de l'enfant qui veut rejoindre son père, le mutisme désespéré qu'il oppose aux questions pressantes de son père sur la conduite de sa mère, sa terreur quand son père, qui a décidé de se suicider, l'abandonne au collège. L'homme descend l'escalier en hâte pour s'éloigner, le plus vite possible, de son fils et de ses remords; et les appels implorants du petit se perdent dans les salles du collège, désertes, immenses et dans un escalier monumental. A certains égards supérieur même à Choucha, Les Enfants nous regardent plaça la personnalité de de Sica sur le plan « international », encore que ses films fussent alors méconnus en Italie même par la critique. Le film, au reste, arrêté dans sa carrière par les événements de la guerre, parut seulement après la libération. Entre temps, durant l'occupation allemande, de Sica avait tourné La porta del cielo {La Porte du ciel, 1944), composé de quatre épisodes sur un pèlerinage de malades à Lourdes. Des troupes campaient à Cinécitta. Le cinéma officiel avait suivi la République fasciste à Venise. Aussi les prises de vues de ce film, presque clandestines, furent-elles effectuées en grande partie dans des décors réels. Pour les hommes de métier qui avaient quelque chose à dire, les studios cessaient d'être indispensables. La Porte du Ciel, film inégal, décousu et desservi par une inspiration catholique mal assimilée, présentait cependant beaucoup de miheux inédits : intérieurs de vraies maisons, usines, ruelles mal famées, etc., car la censure n'existait plus... Les dernières prises de vues coïncidèrent avec l'arrivée des alliés à Rome... L'école de Madeleine, zéro de conduite, l'orphelinat de Teresa Venerdi le pensionnat d'Un Garibaldien au couvent, les tribulations du petit Prico dans Les Enfants nous regardent ne sont pas des rencontres fortuites, mais témoignent d'une évidente prédilection et d'une attirance très nette du metteur en scène pour le monde des adolescents, des innocents, des mineurs, toujours en contraste avec le monde fermé et égoïste des « grands ». En 1945, cette prédilection l'amena en face d'un des problèmes collectifs les plus tragiques de notre après-guerre : la corruption de l'enfance. Il en sortit Choucha, étape fatale dans le développement parfaitement cohérent de la personnalité de Vittorio de Sica. Homme de son temps, il attira l'attention des hommes de son temps — dont il n'ignore pas l'existence et la curiosité — sur un aspect du monde : l'aspect tragique et désolé d'une lutte dont l'issue est inéluctable, sans que les 47