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deux, le malheureux metteur en scène est jeté dehors, mais il fait son film. Il travaille. Il apprend son métier. Il existe.
A rUniversalia, Salvo D'Angelo ne donnera peut-être pas corps à tous ses rêves mais, grâce à lui, Rome risque d'être le lieu de naissance d'ouvrages importants de Blasetti, Clair, Carné, Bresson, Becker, Lindtberg, Emmer, Masson, Visconti, etc.
Au cinéma, l'auteur ne peut pas être seul à avoir des idées, il faut en même temps que le producteur voie loin, ou grand, ou net. Comme dit Luigi Freddi « il faut peut-être un démiurge pour animer une bonne production de films. » Il faut enfin l'appui d'un vaste public et, sur les marchés étrangers, les films italiens ne sont à la mode que depuis peu. C'est ce qui fait dire encore à Freddi que « notre succès actuel n'est pas seulement un succès de vérité mais un succès de nouveauté... On découvre le cinéma italien de nos jours, parce qu'avant la guerre on feignait d'ignorer son existence, c'est simple... » Et à propos de Camerini dont Cecchi estime que, « s'il a parfois manqué d'audace et de confiance en soi, il a souvent montré le chemin aux autres », Freddi rappelle le succès à Paris, naguère, de Les Hommes, quels mufles ! Certes, si l'on a pu déplorer par la suite la banalité élégante à' Une romantique aventure, nous avons entre temps négligé en France de signaler les qualités d'humour et de légèreté du Signor Max, ignoré le Cappello a tre pimte et oublié enfin que Battement de cœur était le re-make du léger Batticuore.
C'est précisément sous le règne de Cecchi à la Cinès que fut tourné Les Hommes, quels mufles! dont l'ironie un peu résignée n'est pas sans parenté avec celle des Quatre pas. Pendant la même période, Blasetti réalisa son « 1860 » en Sicile en donnant les rôles principaux à deux paysans qui n'ont plus jamais tourné par la suite et feu Walter Ruttmann tourna Acier avec des personnages pris parmi des ouvriers de forge. « Il y a dans Acciaio, rappelle Cecchi, au moins deux bobines que plus d'un jeune réalisateur seraient heureux de signer aujourd'hui. »
DU NATUREL, BEAUCOUP DE NATUREL ET d'ESPRIT
Dans le même ordre d'idées, Freddi déclare : « Tourner hors des studios, nos cinéastes y ont toujours été incités par le climat, d'abord, et la recherche de l'actualité dramatique des choses, d'un métier, d'un milieu les a intéressés dès longtemps. Souvenezvous du chef-d'œuvre de Francesco De Robertis Uomini sul fondo (S. 0. S. 103J. Le pathétique de la vie d'un équipage de sous-marin n'émanait, dans cette suite d'images dépouillées comme des documents militaires que de l'ordonnance et du choix des faits. C'est en 1937 que De Robertis m'apporta son premier scénario, Le Ruban bleu. Le film, qui ne fut jamais tourné, était déjà entièrement réalisé dans la tête de son auteur qui avait composé un découpage de huit cents pages, avec chaque plan vu, cadié, dessiné dans un rectangle et accompagné de sa description et de toutes les indications techniques !
« De Robertis est un officier de marine ; mais il n'a pas seulement une tête organisée de mathématicien savant, il est sensible au fait humain. Son secret est de ne dépeindre que l'essentiel, d'isoler la nécessité terrible des actes. Une fois le scénario établi, avec la précision que je vous dis, son film est fait. La réalisation ne l'intéresse plus. C'est Rossellini, vous le savez, qui a mis en scène son Navire blanc en 1941.
— Le secret de Rossellini, affîrmons-nous, ne tient pas, en revanche, à la préparation minutieuse de sa mise en scène.
— Son secret, c'est de dire très haut et fortement ce que tout le monde ressent, c'est d'élever les lieux communs du moment à une certaine grandeur dramatique. Il vous faudrait voir son Uomo délia croce qui est aussi palpitant que Rome ville ouverte. C'était le film du moment, en 1943, les aventures d'un aumônier militaire qui
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