La Revue du Cinema (1947)

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Nous voilà ramenés, une fois de plus, au sujet. Le malheureux cinéaste passe souvent de l'impossibilité matérielle d'impressionner dix mètres de pellicule à la libre disposition de jouer une berceuse avec un orchestre s\Tnphonique. Au lieu d'harmoniser et d'instrumenter savamment la berceuse qu'on lui a donnée à exécuter, il ne résiste pas au désir de se ser\"ir de tous les instruments et d'introduire le maximum de cris de trompettes et de coups de cjTnbales... Mais il arrive aussi qu'il soit luimême incapable d'écrire la musique d'une simple berceuse. Si le cinéaste doit réunir et fondre divers artistes en lui, le plus complet sera sans doute" celui qui, avant d'être peintre, décorateur, architecte, ingénieur, photographe, musicien, acteur, sera conteur ou dramaturge. Alvaro estime avec nous qu'il est bon d'écrire les films avant de les tourner, et " il est bon, explique-t-il, que les jeunes cinéastes fuient D'Annunzio et dépassent un Pirandello d'ailleurs parfaitement assimilé, pour s'inspirer des écrivains italiens vivants; mais n'est -il pas encore plus encourageant de constater que les jeunes gens qui choisissent maintenant le moyen du cinéma pour s'exprimer sont ceux qui auràient, en d'autres temps, écrit des pièces ou des romans? Précédemment, les cinéastes sont trop souvent venus du théâtre, apportant avec eux les routines et clichés conventionnels et les artifices du mélo. Ceux d'aujourd'hui prennent leur inspiration dans l'observation de ce théâtre permanent qu'est la \"ie italienne. En somme, leur vocation littéraire s'accomplit seulement sur l'écran et l'exemple des écrivains modernes, italiens ou étrangers, ne leur sert que de stimulant pour explorer plus franchement la réalité. Mais qu'ils sachent conter et raconter directement en film, c'est cela le point important. » Il est é\-ident que, influencé ou non par Hemingway, Rosselhni ne pourrait conduire son ou\Tage avec une aussi téméraire assurance s'il ne savait conter et raconter sur pellicule. Nous avons déjà pris, d'ailleurs (i), l'auteur de Païsa en flagrant délit de composition de caractères. Ceux qui dépasseront Rossellini ne seront pas ceux qui iront encore plus loin dans rimpro\isation, le reportage et la chronique. L'Itahe, au reste, compte bien assez de chroniqueurs contre trop peu de romanciers, et les imitateurs de Rossellini tomberont \'ite dans le journalisme cinématographique et la démagogie artistique. En revanche, en écrivant directement sa nouvelle œu%Te sur le film, sans autre scénario qu'une trame et sans autre dialogue que celui qu'il insuffle à des pêcheurs et des pavsans pris dans leurs \'illages de Sicile, le jour où il leur fait jouer les personnages que, d'après leur vie, il tire de lui-même, Luchino \'isconti, avec La Terre tremble, ira au plus profond et au plus pur de la réalité humaine : recréant tout un fragment du monde qui portera formellement sa marque, et dont tous les publics, grâce à lui, comprendront parfaitement la \ie particulière. S'il réussit l'ensemble de son film (2), il aura élevé l'art et le métier du cinéma plus haut qu'aucun poète explorateur armé de caméras et, en aucun cas, on ne pourra dire qu'il a fait du documentaire ni du documentaire romancé. Des réalisateurs qui composent leurs oeuvres sur la pellicule, se rapprochent les écrivains qui réalisent les films qu'ils imaginent. Après l'expérience très risquée à'Uno ira la folla, cité plus haut, Piero Tellini va faire lui-même, de nouveau, son prochain film. Entre autres scénarios, TeUini a écrit, avec Aldo De Benedetti et Cesare Zavattini, celui de Quatre pas dans les nuages et, Suso Cecchi D'Amico, celui (1) La Revue du Cinéma, n" 4 : Faire des films, IV : Pour qui? (La caméra partout). (2) Nous n'avons vu. à l'état brut, que la première partie de La Terra tréma, celle de la mer. 64