La Revue du Cinema (1947)

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Anna Magnani dans Le Miracle. « Les voix se font plus violentes, les insultes et les railleries plus directes. Elle crie qu'on ne la tottche pas... personne ne doit la toucher ! » (page 22). qui lui est étrangère, hostiles et fermés. Elle r\e peut pas descendre parmi eux; elle ne peut pas engendrer, aû milieu d'eux, l'enfant du miracle. Les dents serrées par la douleur, gémissant sourdement comme une bête, la folle remonte vers les solitudes de la montagne. Elle s'est aventurée dans une vallée escarpée, sombre, au fond de laquelle blanchissent quelques masures. La fille s'écroule. Il lui semble qu'elle ne peut pas aller plus avant ; elle appelle à l'aide. Aucune voix humaine ne lui parvient des maisons. Seul, un bêlement lui répond, dans le silence profond de cet endroit désert ; et le museau pointu et mystérieux d'une chèvre paraît derrière un petit mur. La fille se relève. La chèvre s'est approchée d'elle et commence à la suivre avec une étrange constance, cependant qu'elle avance par des sentiers toujours plus raides et plus sauvages. On dirait que la fille veut laisser le monde entier derrière elle. La mer, l'étendue des champs, les villages, en bas, semblent quelque chose d'infiniment lointain et irréel. La fille ne se retourne pas pour les regarder; ses yeux sont maintenant désespérément fixés sur un seul but : un petit sanctuaire qui se découpe sur le ciel, accroché à un pic désert. La folle y arrive là-haut, chancelante, en se traînant. La petite église est fermée. Seule est ouverte la porte du campanile; la folle y entre. La chèvre l'a suivie; et maintenant elle rôde dans le clocher abandonné, broutant, de-ci de-là, des touffes d'herbe et jetant, par moment, de légers bêlements. D'en haut, le halètement de la fille lui répond. Les traits bouleversés, le visage baigné de sueur, les mâchoires serrées, la fille se tord dans le travail final. Au-dessus d'elle, se découpant sur un carré de ciel, la cloche remue doucement. 23