La Revue du Cinema (1947)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

leur prodigieuse invention. Ce fut alors que je les connus (i). Et je demeurai durant une semaine, du matin au soir, à leur usine, afin de m'y instruire des secrets de reproduction, de développement, de tirage et de projection de leurs petits films. Convaincu que la projection de ces premiers essais cinématographiques, à la fin de chacun de mes spectacles, pouvait constituer une véritable attraction et susciter un vif intérêt dans le public, je demandai aux frères Lumière l'autorisation de projeter leurs bandes. Les deux savants, qui m'avaient tout de suite pris en sympathie, me l'accordèrent et me remirent un appareil de projection accompagné du droit d'exclusivité, pour mes spectacles, d'un certain nombre de films très courts. « Ensuite, après le grand succès remporté par ces bandes, je pensai à en fabriquer moi-même en reproduisant les scènes comiques dont j'étais, naturellement, l'unique interprète. Ainsi naquirent les fameux courts métrages dont certains se souviennent certainement encore : Fregoli au restaurant, Une farce de Fregoli, Le Secret de Fregoli, Un voyage de Fregoli, et Fregoli dans les coulisses qui dévoilait à la fin du spectacle les secrets de mes transformations. « En Italie et dans d'autres pays, beaucoup apprirent vraiment à connaître le cinématographe par mes représentations. Un jour, il me vint à l'idée de faire une farce au public : je fis projeter quelques-uns de mes films à l'envers. Le public voyait, abasourdi, les vêtements s'échapper des mains des habilleurs ou passer des chaises sur le dos du transformiste, et celui-ci marcher à toute vitesse à reculons, etc. Dans la salle, ce furent des torrents d'hilarité ! » Toutefois, cela ne le satisfait pas entièrement. Il n'est pas seulement un mime : le mutisme de ses persoainages cinématographiques le gêne. Il va y remédier : « Mais je n'en restai pas là. Je voulus faire aussi du cinéma sonore et parlant... Environ vingt-cinq ans avant qu'il fût inventé. Comment cela? D'une façon assez primitive, sans doute; mais que l'on jugea ingénieuse. Puisque je me présentais dans quelques-uns de mes films sous les traits d'un grand nombre de personnages de mes farces, de mes saynètes satiriques et de mes fantaisies musicales, j 'imaginai de rendre leur voix à toutes ces ombres, à tous ces fantômes. Non pas, cependant, au moyen de disques phonographiques, mais directement. Dissimulé dans les coulisses, sur l'un des côtés de l'écran (la projection était faite de la scène par transparence), je disais les répliques de chaque personnage et chantais leurs couplets accompagné par l'orchestre : tout cela était d'un parfait synchronisme et parvenait ainsi à donner vraiment l'impression que paroles et notes sortaient de la toile ; exactement comme aujourd'hui; et je voudrais ajouter que, par moments, l'effet n'était ni meilleur ni pire que celui que nous offrent, en l'an de grâce 1935, certains films étrangers doublés en italien ! » Il n'y a pas de doute possible : Leopoldo Fregoh, le transformiste romain, est, de fait, le premier « appareil « de projection sonore du monde. On lui doit également le premier essai réussi de doublage. Avec l'intervention de sa voix, le cinéma cesse d'être un moyen d'expression exclusivement visuel. Bien entendu, les films de Fregoli ne sont pas des modèles de style cinématographique. Il est inutile d'y chercher un « langage » visuel. Le montage et les plans y sont encore inconnus. Techniquement imparfaits, ils revêtent pourtant, à notre sens, une particulière importance pour l'histoire du cinéma — ou mieux, du spec (i) La première représentation du «Cinématographe Lumière » ayant eu lieu à Paris, le 28 décembre 1895, Fregoli n'a dû vraisemblablement faire connaissance des frères Lumière qu'au début de 1896. (n. d. l. r.) 50