La Revue du Cinema (1947)

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objet aussi désuet et insolite dans ces terres brûlées de soleil et jalonnées de ruines romaines que les robes de guipure et les travaux de perles de tante Nelly. Il est le symbole de trois ou quatre générations bourgeoises, dont le charme et la grandeur auront tout de même été, en trois quarts de siècle, de se créer tout à la fois un style de vie et un style de propriété. Mais ce merveilleux bourgeois est devenu encore plus anachronique dans les soucis des parents que dans les jeux des enfants. On peut à ce propos se demander pourquoi le cinéma français n'a pas plus exploité jusqu'ici le thème du « domaine familial » auquel la littérature, de Dominique au Grand Meaulnes, doit pourtant quelques-uns de ses chefs-d'œuvre et de nombreux romans très estimables. Mais il est plus curieux encore de constater que la bourgeoisie, dont les mœurs et la décadence font la matière de neuf dixième de la grande production romanesque française de Balzac à Marcel Proust, ait si peu intéressé les cinéastes que, du Chapeau de paille d'Italie à Douce et au Diable au corps, on ne puisse guère citer comme film « bourgeois » que l'éterneUe et merveilleuse Règle du jeu. Notons au passage combien Leenhardt s'est encore compliqué la tâche en situant son action entre 1925 et 1930. Audace discrète, mais intéressante, puisque non content de se refuser les prestiges classiques du dépaysement 1900, il lui fallait au contraire affronter la difficulté de montrer des costumes peu seyants et trop proches de nous pour ne pas courir le risque du ridicule. Le problème de l'interprétation était d'une solution plus délicate encore. Quinze ans est l'âge ingrat du cinéma (alors qu'il est au contraire l'âge d'élection du roman) parce qu'il ne faut plus compter sur la grâce animale de l'enfance et que peu d'acteurs professionnels possèdent le naturel suffisant. Dans Le Diable au corps, Autant-Lara a joué à la limite de l'âge immédiatement supérieur. Le scénario des Dernières vacances ne le permettait pas. Leenhardt a été récompensé de son audace : la jeune Odile Versois, dont ce sont les débuts à l'écran, et Michel François qui porte aisément les culottes courtes sont l'un et l'autre presque parfaits. Ils dominent en tout cas l'interprétation adulte. Celleci est assurément la cause des principales faiblesses du film. Pierre Dux, en particulier, n'est pas du tout le personnage un peu faible mais au fond bon enfant et bon vivant qu'appelait le scénario. Berthe Bovy manque de simphcité et Christiane Barry n'a pas suffisamment de qualités pour jouer la beUe cousine divorcée. On peut aussi reprocher à Leenhardt le changement de ton de la fin du film. Les deux premiers tiers, surtout consacrés à l'aventure de Jacques et Juhette, sont d'une admirable venue, j'allais dire : romanesque. Le dernier, au contraire, où l'accent est porté sur l'intrigue amoureuse esquissée entre Pierre Dux et Christiane Barry, évite depeu le ton du vaudeville à certains moments. Peut-être le scénariste a-t-il ici manqué d'audace et de soufifle. Mais, si intéressant en lui-même et en grande partie si nouveau à l'écran que soit le scénario de Roger Leenhardt, c'est beaucoup plus à mon sens le style de la mise en scène qui doit retenir l'attention. Il ne manquera pas de techniciens chevronnés pour le trouver pauvre, sinon maladroit. Le public n'y remarquera rien qu'une sorte de dénuement des effets techniques qu'il prendra, aussi plus ou moins consciemment pour de la pauvreté. C'est qu'on ne sait presque plus, ou presque pas encore ce qu'est le style au cinéma. En réalité, sur cent films, il en est bien quatre vingt dixhuit dont la technique de découpage est rigoureusement identique, en dépit d'illusoires procédés de « style ». Un film de M. Christian Jacque ou même de M. Duvivier ne se reconnaît pas à son style, mais seulement à l'emploi plus ou moins fré 66