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une morale dont Renoir — et c'est au reste ce qui fait son charme — • est entièrement dépourvTi.
Il est à craindre que cette œuvre discrète, dont rien dans le scénario et la mise en scène ne recourt à des prestiges spectaculaires, et qui a été réalisée avec de faibles moyens, ne bénéficie pas de toute l'attention qu'elle mérite. Du moins le pourrions-nous penser d'après la froideur persistante avec laquelle les commissions de sélection ont écarté Les Dernières vacances de toutes les compétitions internationales en 1947.
C'est que sa nature esthétique est essentiellement romanesque. Leenhardt a fait en film le roman qu'il aurait pu écrire. Aussi paradoxal que cela paraisse, l'attention du public et même de la critique serait a priori beaucoup plus favorable s'il s'agissait d'une adaptation. Les Dernières vacances s'intégrant tout naturellement et sans qu'on y prenne garde dans une tradition littéraire, on ne remarque plus ce que son existence cinématographique peut avoir d'insolite et de profondément original. Je
ne vois guère que Malraux qui, dans un type de roman radicalement différent, nous ait fait sentir cette équivoque de l'œuvre cinématographique qui pouvait être littéraire. Qu'on ne s'y trompe pas Sierra de Teruel est le contraire d'une adaptation. Le film et le livre sont la réfraction dans deux matières esthétiques différentes du même projet créateur, ils sont sur le même plan d'existence esthétique. Si Malraux n'avait pas écrit L'Espoir (terminé après le film), nous n'en aurions pas moins sur l'écran quelque chose qui aurait pu être un roman. C'est bien ce sentiment que nous donnent Les Dernières vacances. Or tout ce qui depuis dix ans compte réellement dans la production mondiale, de La Règle du jeu à Citizen Kane et à Païsa, n'est-ce pas précisément des romans (ou des nouvelles) qui ont préféré être des films. Et n'est-ce pas à ces mutations esthétiques (qui ne sont point, je le répète, adaptations ou transpositions) que le langage cinématographique doit, depuis le même temps, ses plus incontestables progrès?
André Bazin.
Du drame romantique au western :
RU Y BLAS d'après le drame de Victor Hugo. Adaptation et paroles de Jean Cocteau. Réalisation de Pierre Billon. Photographie : Michel Kelber. Décors : Georges Wakhévitch. Costumes : Marcel Escofher. Musique : Georges Auric. Interprètes principaux : Jean Marais, Danielle Darrieux, Marcel Herrand, Gilles Quéant. [Prod. André Paulvé-Georges Legrand, Paris 1947.)
« Quel est le plus grand poète français ?
— Victor Hugo, hélas ! » répondait André Gide.'
Sans doute la plus grande partie de l'œuvre de Hugo n'est-elle sauvée que par le puissant souffle lyrique qui la traverse.. Son théâtre, en particulier, est mélodramatique à l'excès, les situations y sont invraisemblables et la psychologie des personnages par trop sommaire. Ruy Blas est un de ses plus
mauvais drames, mais pourtant, grâce à la magie d'un verbe souverain, l'élan soutenu des tirades, le gonflement même des périodes, l'œuvre soulève et transporte.
L'adaptation à l'écran d'une telle œuvre posait des problèmes bien particuliers concernant la transposition cinématographique de ce l5Tisme du met qui doit ici faire place à un lyrisme de l'image. Certes, le décor^ le costume, la
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