La Revue du Cinema (1947)

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LE LUMIÈRE Le procès du mot cinématographe n'est plus à faire. Parmi les mots formés du grec, certains finissent par passer dans l'usage; encore faut-il qu'Us n'aient pas figure trop rébarbative. Les autres ne sont supportables que s'ils désignent quelque arcane de la science. CINÉMATOGRAPHE avec ses cinq syllabes et ses quatorze lettres est une gêne constante dans le langage. Ses abréviations CINÉMA, et même ciné, présentent l'inconvénient majeur de ne pas pouvoir former de dérivés; or, c'est de toute une famille de mots qu'ont besoin le technicien, le critique ou l'esthéticien. Une solution radicale consiste à inventer un autre mot. En France nous pouvons jouer sur une étonnante rencontre \erbale : celui qui, pour les Français, est l'inventeur du cinéma porte un nom qui désigne l'élément essentiel du cinéma. En l'honneur de Lumière, mais surtout parce que le cinéma est par excellence l'art de la lumière (puisque le son même est « lu » par la lumière), au lieu de dire LE CINÉMATOGRAPHE, disous LE LUMIÈRE. La différence de genre entre le lumière et la lumière suffit à éviter toute confusion entre deux choses aussi différentes. Le mot CINÉMATOGRAPHE sera réservé au seul usage pour lequel il ait été créé. Il désignera l'appareil inventé par les frères Lumière. On évitera ainsi une ambiguïté car, lorsqu'on parle aujourd'hui de « l'invention du cinéma », on peut vouloir parler aussi bien de l'invention du cinématographe (appareil) que de l'invention de la cinématographie (moyen d'expression), alors qu'U s'agit de deux choses bien différentes. Si nous essayons de former des dérivés sur le mot lumière, la langue nous réserve une agréable surprise : il n'existe aucun dérivé français dans l'usage, car les mots lumineux ou illuminer sont des dérivés savants formés sur lumen, luminis. Pour parler de celui qui fait des films, nous dirons donc lumiériste et on ne le confondra jamais avec celui qui s'occupe de la lumière et que l'on appelle l'éclairagiste. Le mot lumiériste remplace avantageusement cinéaste, ce néologisme peu justifiable Unguistiquement et qui rime fâcheusement avec iconoclaste. Lumiériste, au contraire, ressemble de manière flatteuse à artiste et est formé selon la même règle que beaucoup de noms de métier (chimiste, pianiste, etc.) Le verbe lumiérer est euphonique et tout à fait dans le génie de la langue française. Il viendra combler vme place vide, car jamais personne n'a pu employer « cinématographier ». On en était réduit à dire « faire du cinéma » au sens général et « mettre en film » au sens particulier. Le verbe lumiérer aura ces deux sens, général : faire des films, et particulier : faire un film. Il ne signifiera pas « faire une prise de vue » car, pour cette action, les techniciens utilisent toujours le verbe tourner qui est très bien venu, et qui a le même sens que le verbe filmer qu'ils n'utilisent jamais, mais que le public emploie dans le même sens (à tort d'ailleurs, car filmer devrait vouloir dire faire un film, c'est-à-dire mettre en film). LuMiÉRiQUE avec ses dix lettres remplacera, sans difficultés, cinématographique qui en comptait dix-sept. Et LUMIÉRIQUEMENT peut se prononcer car il n'a que cinq syllabes, alors que cinématographiquement en comportait huit. Enfin, LUMIÉRABLE est aussi clair que mangeable ou qu'aimable alors que, pour éviter cinématographiable, on a souvent recours à photogénique qui n'a pas le même sens. Terminons en disant que les établissements où l'on projette des films pour 71