La Revue du Cinema (1947)

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HENRI LANGLOIS Notes sur l'histoire du cinéma Uès la projection du Grand Café, la mise en scène existe, prévue selon un r\i:hme. Ce n'est pas le hasard qui détermine le plan cinématographique. Grâce aux frères Lumière, le cinéma est né au sein de la vie quotidienne. Leurs courtes bandes en perpétuent la grandeur jusque dans les moindres faits, et peut-être Le Goûter de Bébé, ou l'une des \ ues du moindre des opérateurs qui, pour le compte de la maison Lumière, parcouraient le monde dans les dernières années du xix*" siècle, apparaîtront-ils aux yeux des spectateurs du cinéma en couleur et relief, comme un fait plus essentiellement cinématographique que bien des œuvres qui passent, actuellement, pour des victoires du cinéma. Le cinéma nous est encore difficilement perceptible. Il suffit de pénétrer dans un studio pour comprendre que nos metteurs en scène les plus qualifiés travaillent sur des recettes faciles, toutes faites et subissent l'appareil au lieu de le dominer. Rien ne laissait prévoir, en 1936 par exemple, qu'une pissotière à Paris, en igoo, sur les boulevards; une femme qui se mirait dans son miroir; un être humain scrutant l'espace avant de s'élancer à la mort; un enfant sautant de joie parmi la foule des conscrits, étaient des images plus lourdes de sens, plus bouleversantes, plus cinématiques que les plus savantes prises de vues de Poudovkine. Mais le cinéma est très Wte dominé par la persoiinalité de Georges Méliès, sous l'impulsion duquel surgissent, dans le monde entier, féeries et films de trucages. Dans ses bandes de vingt à quarante mètres, il explore, de 1896 à 1902, toutes les possibilités magiques de l'appareil de prise de vues. Le voyage dans la Lune est l'aboutissement de ces recherches. Il marque la fin de cette période et le point de départ d'une nouvelle étape du cinéma. L'avenir seul pourra établir qui, de Georges Méliès ou de Louis Lumière aura eu la plus grande part dans le développement final du cinéma. Quoi (ju'il en soit, l'un comme l'autre ont ouvert la porte sans la franchir. Louis Lumière, en se refu.sant à reconnaître à l'objectif d'autres possibilités (jue celle d'être un œil enregistreur. Georges Méliès, en ne voyant dans l'absolu de la caméra que l'accomplissement de l'illusion, de la fantasmagorie humaine, de la fable, sans jamais s'y intéresser pour lui-même et ce qu'il pouvait ouvrir d'inconnu (i). A leur côté et à leur suite, nous voyons se dessiner dès 1896 la mise en scène et l'école primitive, oscillant entre le cinéma en plein air et la rèaJité, le studio et les possibilités magiques de l'appareil de prise de vues. Il serait vain de vouloir détailler l'histoire de ces années pendant lesquelles Méliès reprendra ses recherches sur 150, 300, 450 mètres sans jamais se renouveler. (i ) Outre Marey et ses collaborateurs Dcmcny, Hull, Nogucz, les hommes de science, le Dr. Comandon notamment, furent les seuls durant l avant-guerre de 1914 à user des possibilités magiques de la caméra pour explorer la quatrième dimension. 3