La Revue du Cinema (1947)

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tihuacan remontent au \ siècle avant J.-C.) et ses traditions politiques récentes : il a conquis son indépendance au début du xix« siècle et les Indiens n'ont acquis leur émancipation que par la Révolution, la dernière en date, celle de 1910. Dans cette transformation, les artistes et les intellectuels tiennent un rôle de premier plan. Sa sensibilité artistique étant principalement d'ordre plastique, c'est la peinture qui prédomine. L'éducation de la masse indienne, encore analphabète dans sa majorité, ne peut se faire que par l'œil, d'où le développement de la fresque sur les monuments publics. La fresque retrouve ainsi ses origines païenne, préhispanique et chrétienne de l'époque coloniale. » Le cinéma n'a fait que suivre la peinture dans ce domaine, aux dires mêmes de ses propres théoriciens. Gabriel Figueroa, sans doute le meilleur photographe du globe — déjà couronné cinq fois dans les différents festivals internationaux, Cannes, Bruxelles et \'enise — m'a déclaré notamment : — Notre cinéma est essentiellement pictural. L'école mexicaine de peinture est la première du monde. Diego Rivera, Clémente Orozco, Da\nd Alfaro Siqueiros sont les plus grands peintres de leur génération. Ils ont créé un style qui traduit parfaitement l'âme et les aspirations du pays. Pour nous, le chemin était tout tracé : nous n'avions qu'à transposer en images ce qu'ils développaient en tableaux et en fresques. » Le prestige de la peinture ne se limite pas seulement aux milieux intellectuels. Les " Trois grands », comme on appelle les trois peintres cités plus haut, sont considérés comme des gloires nationales. Leurs controx'erses esthétiques occupent des pages entières de journaux et des titres sur huit colonnes. De plus, leurs convictions poHtiques nettement à gauche, tout au moins pour deux d'entre eux, en font des symboles vivants, idoles ou antéchrists selon les uns ou les autres. Le cinéma, benjamin des arts, subit l'emprise de cet envoûtement. L'histoire du Mexicjue, les horreurs de la colonisation, l'émancipation de l'Indien, la foi dans l'avenir meilleur, la trinité (ouvrier, paysan, soldat) rédemptrice du monde du travail, sont les thèmes principaux des grandes compositions murales. Aussi, quoi d'étonnant que le dernier film en date de l'équipe Emilio Fernandez (qu'on appelle partout ■ el Indio Fernandez », pour bien marquer la pu-eté de son origine) Rio Escondidn (i) commence par un véritable cours d'histoire illustré par les fresques de Diego Rivera du Palacio Xacional (Palais du Gouvernement) de Mexico. Cette préoccupation plastique des cinéastes est mise en é i lence par l'importance de la photographie et du photographe. Quand on parle d'un film qui a des prétentions artistiques, on ne le cite pas comme l'œuvre du seul metteur en scène, mais du tandem réalisateur-photographe. La renommée d'un Figaeroa est comparable à celle d'Emilio l'ernandez et leur collaboration intime n'a que peu d'équivalents dans les autres pays. C'est elle qui a permis la réalisation de la plus belle série de films mexicains : Flor Silvestrc, Maria Candelaria, Enamora ia, La Perla et Rio Escondido. Plus que Maria Candelaria, Rio Escoiidido est appelé à marquer une date décisive dans l'évolution du cinéma mexicain, davantage à cause de ses défauts que de ses qualités. Celles-ci, essentiellement techniques atteignent une perfection inégalée en ce qui concerne la photographie. Figueroa ne s'est jamais servi de sa caméra avec une telle xirtuosité et des moyens aussi simples. « Un arbre et un âne se détachant sur le ciel, me disait-il, et (1) RIO ESCONDIDO (Li; Flelve c.\ché), scénario et n'rt/iifl/(OH d'Emilio Fernandez. Photographie : Gabriel Figueroa. Interprètes : Maria Félix, Carlos Lopez Moctezuma. Fernando Fernandez, Domindo Soler. (Prod. : Raùl de Anda. Me.xico, 1948). 35