La Revue du Cinema (1947)

Erich von Stroheim : Blind Husbands (1919). recréons, est celui voulu, pensé, créé par le cinéaste, par l'artiste. L'artiste, comme un chef d'orchestre, donne à son film un tempo et en change. Par le choix et l'enchaînement des images, il joue adagio, largo, allegro, presto sans que soit modifié le moins du monde le rythme constant de la machine. Le véritable mouvement d'un film réside dans ses changements de plan, de lieu, de perspective, de dimension : hauteur, largeur, profondeur, plongeon ou montée. C'est donc une création artistique, une recréation de la vie, voire une correspondance de la vie, et non pas la simple reproduction d'un mouvement réel, même dans le « documentaire » ! Ceci nous amène à considérer la deuxième sorte d'illusion : l'illusion de réalité. Le film, nous dit-on, sauf dans le dessin animé, est enchaîné au réel, à l'objet photographié, à la chose, au visage réel de l'acteur. Quels que soient les « coups de pouce » donnés à ces choses : maquillages, costumes^ décors, l'image est strictement soumise à l'objet et reproduit l'objet. De fait, l'image est la matière première du film, à quoi s'ajoutent maintenant le dialogue et le commentaire musical ou la correspondance musicale de l'action. 48