La Revue du Cinema (1947)

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çons — illustrent cette impuissance paradoxale d'un des meilleurs réalisateurs actuels. Best-seller pour midinettes internationales à qui l'on ne peut offrir tous les jours des visites de princesses royales, Rebecca est un petit roman de rien du tout, à peine un sujet de nouvelle, qui s'étire, s'étire jusqu'à prendre les proportions d'un livre commercial. II contient une idée, pas nouvelle, mais bonne : l'héroïne, Rebecca, est morte avant que ne commence le récit. Mais l'originalité s'arrête là et au bout de cinquante pages devient un procédé fastidieux. (Impossible, à ce sujet, de ne pas penser à la gageure qu'a tenue victorieusement Japques Lemarchand dans Geneviève : ne jamais prononcer le nom de la dite Geneviève. Le procédé est au service du talent dans l'essai émouvant, impitovable, lucide jusqu'à la cruauté, de Lemarchand. II y a peu de personnages plus obsédants, plus présents que cette Geneviève absente... la .curiosité de_ la connaître nous dévore et combien je comprends le dessinateur qui vient d'illustrer ce livre avec uniquement des portraits de Geneviève !) Pauvre et pâle Rebecca, morte et bien morte, petit être méchant et trompeur, fallait-il qu'il soit inconsistant, lui aussi, votre lord de mari, pour être obsédé par votre souvenir... Le film de Hitchcock est légèrement supérieur au roman. Le personnage de la jeune fille devenue Lady de Winter y prend — grâce au talent de Joan Fontaine et à celui de Hitchcock comme directeur d'acteurs — une consistance inattendue car cette timide enfant écrasée par les plafonds de Manderley est elle-même inconsistante jusqu'à l'évanescence. Qu'il y ait dans Rebecca une idée particulièrement destinée au cinéma cela ne fait pas de doute, pas plus que Hitchcock y ait fait preuve d'ingéniosité et d'invention dans le détail (la séance de cinéma d'amateur, par exemple), mais l'ensemble est indifférent, dépourvu d'originalité et aurait pu être signé par n'importe quel honnête réalisateur américain. Le sujet de Spellbound est mortellement ennuyeux. Nous sommes fatigués jusqu'à l'écœurement de cette psycha■nalyse sommaire à la sauce hollywoodienne. (Les essais européens du même genre n'ont pas été plus brillants.) Les complexes du docteur Edwardes et de ses collaborateurs, amis ou ennemis, ne présentent vraiment aucun intérêt. On se demande à qui le cher Ben Hecht a voulu jouer un tour en adaptant ce banal roman de Francis Beeding. Quelques morceaux éblouissants sauvent le film et devraient être soigneusement découpés et envoyés aux cinémathèques. Doit-on s'en réjouir ou le déplorer. Ils permettent de voir le film sans trop d'ennui mais n'est-il pas, plutôt, irritant de voir Hitchcock perdre son talent à truffer de quelques traits de choix ce plat détestable et indigeste? En tête de ces morceaux . figure le rêve réalisé avec la collaboration de Salvator Dali. Il ne nous apprend rien de nouveau sur l'optique surréaliste et, à vrai dire, il s'agit là d'un surréalisme assez attardé. Mais il est agréable de voir soudain s'animer sur l'écran l'attirail élégant de ce brocanteur presque génial de la peinture qu'est Dali, s'allonger ses perspectives, s'étirer ses ombres, s'élever la statue de pierre blanche couronnée du visage de déesse d'Ingrid Bergman. Dans la version présentée en France, une bonne moitié de ce rêve est coupée. On serait curieux de savoir au nom de quelles raisons sont — une fois de plus — pratiquées d'aussi stupndes coupures. Il y a dans Spellbound deux autres morceaux de bravoure technique qui justifieraient notre déplacement si le nom seul de Hitchcock n'y suffisait pas. Une scène prise sous l'angle dit « subjectif » que l'on voit à travers le verre de lait que boit l'homme-caméra : ce que l'on voit, un homme (jui marche un 74