La Revue du Cinema (1947)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

le pittoresque d'une principauté post-napoléonienne tel que le consul de Civita\'ecchia s'était ingénié à le recréer durant cinquante-deux jours d'un congé précieux. La faute en est en partie aux acteurs qui sont authentiquement italiens, mais exécrables, ou excellents, mais pas du tout italiens (Gérard Philipe plus Sorel que Dongo, Maria Ca^arès plus catalane que parmesane, Coëdel flic de Ménilmuche, etc.). Il est vrai que Stendhal définit ainsi dans les Pages d'Italie la principale caractéristique des Italiens : « Ils sont fiers de l'énergie de leurs passions ». Le jeu fougueusement passionné des deux acteurs essentiels leur donne donc en cela un brevet d'italianisme. On sait que Christian Jaque n'a rien tourné à Parme. (Il fallait je crois l'imagination de Barrés pour y retrouver Stendhal; j'y passais l'an dernier sous une petite pluie fine : je n'ai gardé qu'un souvenir sinistre de gazomètres et garages bariolés.) Mais il a trouvé à Modène quelques angles particulièrement évocateurs. Cependant le marbre dur des vi-ais palais et le stuc illusoire des décors ingénieux se confond dans une même impression de luxe artificiel. Si La Chartreuse est bien « une partie de whist », on n'est point déjà \-ainqueur en exhibant une table à jeu qui soit d'époque. Cette question d'atmosphère nous am?ne à examiner l'aspect politique que soulignait Balzac dans son article retentissant de La Revue de Paris : « ... le roman que Machiavel écrivit, s'il vivait banni de l'Italie au xix^ siècle » Xon seulement les adaptateurs n'ont pas refusé cet aspect, mais ils l'ont voulu exemplaire en boursouflant le personnage de Ferrante Palla, ' homme libre », et en faisant de ce fol aventurier un héros carbonaro en même temps qu'un beau ténébreux romantique (report ici sur cet amoureu.x transi du siUage d'admiration que suscite la Sanseverina sur son passage). Aragon applaudit : « Seuls les grands sentiments ont leur Épinal » et reconnaît dans ce résistant la résistance de Gabriel Péri. (• Toutes choses étant égales d'ailleurs », comme Aragon écrivait vers 1924, il faut une bonne volonté à toute épreuve pour frémir à la révolution d'opérette qui amoindrit (à mon sens) la dernière partie. Non point en tant que révolution (quoique ce soit un peu faire mourir Julien Sorel sur les barricades) mais en tant qu'opérette. Il y a du reste une certaine ambiguïté dans le fait d'introduire des sentiments authentiques (ou que l'on veut tels) dans une situation de farce. Dans cette pochade politique où, Mosca escamoté, le prince, le fiscal Rassi ou le xneux Conti sont plus près de Jarrv que de Machiavel, les libéraux à la PaUa ne peuvent guère avoir de consistance. Quelle est la position des principicules de cette époque? Stendhal nous la définit à peu près en parlant des prêtres à Milan «... ils sont encore assez puissants pour être haïs et pas assez pour se faire craindre ». Il était fort légitime de souligner les idées libertaires de Stendhal qui les résumait ainsi : > J'abhorre la canaille, en même temps que sous le nom de peuple je désire passionnément son bonheur, » ou en ce tranquille acte de foi révolutionnaire : « Selon moi les t\Tans ont toujours raison, ce sont ceux qui leur obéissent qui sont ridicules. » Si je me laissais aller à écrire un article agréable au lieu de m'astreindre à une analyse, ce serait, d'enthousiasme, sur ce sujet : Gérard Philipe dans La Chartreuse. La chance, la grande chance du film est d'avoir ce garçon étonnant qui redonne une vraie jeunesse au.x personnages qu'il incarne, du Pays sans ttoiles au Diable au corps. Il EST Fabrice aussi naturellement qu'ailleurs ange ou démon, Muichkine ou Cahgula. Il est à la fois celui que Stendhal montre chez l'archevêque : « Il }• fut simple 36