La Revue du Cinema (1947)

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film de sous-marins doit nous donner l'impression de nous enfoncer sous la msr (i). Pour créer le climat voulu, on nous demande d'ordinaire de coïncider avec le héros qui agit à ce moment. Lorsqu'il a bu, on nous propose (que dis-je, on nous impose) les s\Tnptômes de ri\Tesse. Les mars se balancent, les cadres se déforment, nous voyons les objets devenir flous, etc. Sommss-nous malades? Des visages se penchent au-dessus de notre lit. Sommes-nous poursuivis? Le rétroviseur nous renvoie l'image de nos poursuivants. Nous avons été tant de fois traqués, et haletants, tant de fois jugés dans de sombres prétoires. Tant de fois la gueule béante d'un revolver s'est tournée vers nous et tant de fois vers nous s'est penché un tendre visage !... Un appel s'élève. Nous levons les yeux (la caméra le fait pour nous) vers un balcon fleuri. Et un travelling accéléré nous précipite d'un sixième étage vers la pavé luisant d'une cour. Combien de menaces, combien d'angoisses, combien d'espoirs ! Première personne, oui, multipliée par deux orphelines, trois mousquetaires, quatre cavaliers d'Apocalypse dans les mille et une nuits des cinémas de quartier. « Nous sommes embarqués. » Avec Gance pour le mal de mer des tempêtes napoléoniennes, avec René Clair pour le mal au cœur du Luna-Park d'Entracte, avec John Ford pour la torpeur des nuits huileuses du Long voyage. Drever alla plus loin : il nous a demandé de suivre notre propre enterrement. Dans Vampyr, nous étions bel et bien couchés dans le cercueil, avec une petite lucarne pour voir se balancer sur nous le visage des survivants et couler la cire de nos cierges mortuaires. Et c'est pourquoi je m'apprêtais volontiers à devenir, pour un moment, détec (i) Cf. Le « moi de rêve » (ou quand le spectateur s'identifie avec l'acteur) par Ingcmar Holmstrom : Im Revue du Cinéma, X° 8. tive amateur, à commuer ma participation en identification. Mais cette main-là qui apparaît dans le coin gauche du rectangle lumineux, je sais bien que ce n'est pas la mienne, avec laquelle justement je suis en train de me gratter le menton. Cette main qu'on me prête, je voudrais la retirer du champ, elle me fait mal : les manchots connaissent parfois des douleurs absurdes dans leur absence de bras. Cette main, c'est l'intrusion intempestive du machiniste sur la scène du théâtre (je me souviens : à Venise, les deux laquais tire-rideaux du théâtre de la Fenice apparaissant en livrée dorée dix minutes avant la fin de Huis-clos) . Comment ici essaye-t-on de nous communiquer la sensation d'agir nousmêmes le récit? Le romancier choisit pour accompagner la description du comportement, certaines pensées, certaines sensations. Robert Montgomerv nous donne les gestes, mais en écartant les commentaires « pensés ». Donc « je » marcherai dans la pièce, en parlant. Mais le réalisateur s'interdit le monologue intérieur qui, un jour, compliquera logiquement le procédé. Cependant, je ne peux H sentir » dans ma chair les sensations de Marlowe. On tentera donc de m'en appliquer les équivalents visuels. On peut en effet agir sur ma sensibilité en crevant un œil devant moi, en me faisant assister à une opération, etc.. On peut me faire peur, ou me plonger dans un climat obsédant. Dans un film plus habile, on aurait pu utiliser la caméra subjective à des fins astucieusement psychologiques. Ici l'emploi unilatéral d'un procédé connu n'apporte à l'ennuyeuse histoire qu'une curiosité technique, sans nécessité. C'est l'exercice de style de l'original qui écrit un livre sans « a ». Le truc reste truc, froidement truc. D'autres pourront le faire parler, exprimer grâce à lui de vastes gammes sentimentales. Ici donc, un cjuidam lève la main sur nous : notre regard en est tout secoué. 74