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La Revue du Cinema (1947)

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culer en criant : « A Woman of Paris (i)... A Woman of Paris est un chef-d'œuvre ! ... Et quel génie! Quel génie!... — Une histoire comme beaucoup d'autres, c'est tout », dis-je... Lubitsch se tut. Xous ne parlions pas la même langue. Finalement, il reprit, toujours gesticidant : « Mais la façon dont c'est fait!... la manière dont c'est traité! « — Ne parlons plus de Chaplin, Mr. Lubitsch, mais de vous : vous nie faites l'effet d'un romancier capable d'écrire de grands ouvrages et qui se contente d'esquisser nonchalamment d'adroites mais simples novelettes. Cette déclaration l'exaspéra tant qu'il agita les mains en l'air. « Fichez-moi la paix ! » cria-t-il. Ensuite Lubitsch m'affirma qu'il prenait réellement L'Opinion publique au sérieux, mais il faut ajouter qu'il me parla de ce rustaud de Charles Ray comme d'un des plus grands artistes de l'écran. Déçu par cette américanophilie, Tully estime qu'au lieu de profiter de sa situation exceptionnelle à Hollywood pour devenir un grand homme ou un prophète moderne, il se contenta de faire des films pétillants pour les critiques et les femmes de chambre sophistiquées. Établissant qu'il y a peu de gens de grande qualité parmi les réalisateurs de films et qu'au cinéma un génie doit être doublé d'un marchand, Tully fait remarquer que Lubitsch n'a pas sauté sur l'occasion de porter à l'écran la Tragédie américaine de Théodore Dreiser et a préféré diriger alors un film intitulé C'est donc ça Paris ; — préférant du même coup devenir tm simple marchand comme son père plutôt qu'un grand artiste. C'est un autre Allemand (et Dreiser était lui aussi d'origine allemande), Josef von Sternberg, qui réalisa finalement A n American Tragedy en 193 1, sur un scénario malheureusement très édulcoré et, apparemment, sans assez de conviction pour convaincre et passionner le public. Mais je doute que Lubitsch eût mieux assimilé l'âpreté de cette suite de drames de la jungle yankee, parce qu'au contraire il avait très tôt choisi délibérément de ne jamais être âpre. Il ne pouvait regarder longtemps sans avoir le vertige les abîmes que scrutait voluptueusement Stroheim. Il s'était donné la mission de chasser toute amertume de ses spectateurs. Cet Israélite épicurien fut un assez bon chrétien en ce sens qu'il rendait grâce à Dieu de lui avoir donné la vie dans un monde où l'on peut être heureux avec un peu de bonne volonté. On reprochera assez souvent à l'idéaliste Capra sa « morale simpliste » et son goût de prêcher l'amour de la vie avec plus de sérieux que d'humour... Reprocher au conteur arabe pour occidentaux que fut le bon Lubitsch de nous avoir fait rire de tout avec trop de légèreté serait puéril, injuste et barbare... Ou alors, pour prononcer ce blâme, le juge devra monter très haut sa cathèdre sur une plate-forme d'un acier dont la fabrication est, pour l'heure, un secret... Rappelez-vous, en tout cas, la chute bouffonne des deux dictateurs de Chaplin qui voulaient s'élever inconsidérément dans leurs pauvres fauteuils mécaniques chez le barbier ! Je suis spectateur et je demande : qui maintenant va nous donner du Lubitsch ? Qui va nous donner de l'opéra frivole, des desserts croustillants et des songes fabuleux sans danger? (i) Titre original de L'Opinion publique de Chaplin (1923). 20