We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.
Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.
MARIO VERDONE
L u b i t S c h
o u
l'idéal de l'homme moyen
Ernst Lubitsch représentera peut-être encore longtemps, en Amérique, le type du metteur en scène idéal. Une des grandes i' missions » du cinéma, sinon la plus importante, n'est-elle pas de c divertir », ainsi que l'avait déjà affirmé Will H. Hays à l'époque de la première guerre mondiale; et les filrns de Lubitsch ne sont-ils pas ceux qui, depuis une trentaine d^années, ont le mieux conforté et réconforté les spectateurs du monde entier?... Chez lui, le beau ou l'agréable est toujours resté à la portée de la main, vraisemblable... et commercial en même temps. Ses œuvres ont plu au.\ intellectuels comme aux midinettes et ont ravi aussi bien les raffinés que les vulgaires amateurs de veuves joyeuses en robe du soir et de lieutenants souriants en uniformes prestigieux.
Lubitsch savait extraire le suc de la vie de toutes les histoires qu'il contait. Sa tâche sur terre, semble-t-il, était de montrer les choses sous un jour souriant et coloré, de proposer le bonheur comme on invite à un tour de valse; et s'il partait en guerre contre quelque absurdité politique sociale, combattre les préjugés du temps, voire prendre parti dans les luttes idéologiques, les guerres et les révolutions, il se contentait de désapprouver les ennemis de la douceur de vivre, les turbulents obtus et les agités perpétuels : aussi bien dans ses premières comédies mondaines ou morales (L 'Eventail de Ladx Windennere ou L'Homme que j'ai tué), que dans ses satires antisoviétiques (Xhiotcltka) ou antinazistes (To Be or Xot To Be); — satires, au reste, assez douces.
Au début de sa carrière, encore à la recherche de son propre style, il s'adonna au film dit historique, dans le genre à' Anne de Boleyn et de La Du Barry, ou féerique : Sumurun. Et là aussi, tandis que la musique viennoise et les fantaisies italiennes de Lucio D'Ambra le poussaient vers le film-opérette, il restait, volontairement ou non, fidèle à lui-même. Exubérant de figuration et décoration », comme le nota Canudo, ironique dans la description des cours royales (Paradis défendu), bienveillant envers les <• favorites des rois» qu'il présente au public comme des créatures très sympathiques (de même que, beaucoup plus tard, le diable de Le Ciel peut attendre) , il illustre toujours avec le même esprit « lubitschéen » sa conception de la vie.
Il l'a dit lui-même, <' le public avait une affection particulière pour les héros déguenillés. L'élégance était l'apanage exclusif des villains et des traîtres;
23