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là : je ne prétends pas offrir au spectateur moyen le fruit des expériences d'une vie modèle; tout au plus je lui indique la route idéale de la vie qu'il devrait vivre...
Le ciel n'attend plus. .
Les éléments divers qui ont servi à Lubitsch pour composer son style, ce sont donc, comme nous l'avons vu : la pantomime (Snmurun) et l'opérefte (« Don César de Bazan » pour Rosita, « vieil Heidelberg » pour Le Prince étudiant) ; la comédie du Boulevard (Sardou, Meilhac et Halévy, Xanrof et Chancel, Savoir), londonienne (Wilde, Coward) et hongroise (Biro, Aladar, Szekely, Laszlo, Bus Fékété) ; la mise en scène de Reinhardt et la grande production italienne du genre historique (La Femme du Pharaon, Anne de Bqleyn) ; les films italiens de fantaisie ( La Princesse aux huîtres ) et les contes arabes ; le grand luxe moderne et la musique légère (Le Lieutenant souriant, La Veuve joyeuse, Paramoiint en parade, etc.); le goût parisien (So This Is Paris); l'admiration pour Chaplin et Clair, — et aussi pour Stroheim, admiration qu'on décèle à travers la nostalgie du faste impérial aussi bien que dans un humour un peu féroce ou dans une sympathie légèrement cynique pour les fripouilles de haut vol (i) ; enfin le burlesque du populaire « Mayer » qui fut jadis le « Max » (Linder) ou le Polidor du public germanique... Tous ces éléments disparates, il sut les assimiler et les fondre parfaitement pour leur imprimer enfin son cachet personnel et ce rythme particulier qu'il obtenait à la fois, de l'extérieur, par le montage et,. à l'intérieur de son œuvre, par le jeu des acteurs, par l'utilisation du son et de la musique, par les décors faits d'escaliers, de dallages en échiquiers et de salons aussi bien préparés pour la comédie que le fusil de Tchékhov est impatient de partir dès qu'il est introduit sur la scène...
D'après le portrait qu'en a fait brièvement un journaliste espagnol, Lubitsch était « petit, avec des cheveux noirs comme du charbon, des yeux de jais et un sourire contagieux ». Penché en avant, ne perdant jamais ni son fameux accent allemand, ni ce cigare que « Mayer » avait déjà à la bouche, l'homme-au-cigare-entre-les-dents prétendait que, sans un bon cigare, il ne pouvait pas travailler...
Voilà pour le physique. Pour sa biographie, plus que d'après l'index et la courbe de son œuvre, on peut l'extraire, idéale, du film qu'il tourna en 1943.
Cette année-là, en effet, à cinquante et un ans, il se crut sur le point de mourir au moment où il venait de terminer Le Ciel peut attendre ; et l'on peut
(i) Les réminiscences de Clair sont, certes, nioms profondes que celles de Stroheim, par exemple, dans Trouble in Paradise, un des rares films américains qui finisse bien pour des amants voleurs !... Stroheim se grisa à reconstruire ]Monte-Carlo pour Folies de femmes (1922), avant que Lubitsch n'v vienne s'amuser. La première Veuve joyeuse (muette) tournée en 1925 par Eric von Stroheim (avec Mas Murrav, John Gilbert et Roy d'Arcy) était d'une extravagance dont on a oublié aujourd'hui la saveur mais qui ne fut pas projetée devant Lubitsch sans que le cher Ernst laissât éteindre son cigare... Enfin, (juoi de plus stroheimicn que la mort du vieux Don Juan malade, soigné par une infirmièrè revêche mais cjui le guérirait peut-être si une autre garde ne prenait sa place ?... Celle-ci est ravissante et, de toute évidence, ravit le dernier souffle du bonhomme.
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