La Revue du Cinema (1947)

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au coulissage de sa moustiquaire, et du haut-parleur en papier plié de son poste de radio. N'était-il pas avant tout bricoleur? Il n'aurait abandonné à personne le soin de tourner la pièce la plus banale de ses appareillages. Son atelier était doté d'un matériel plus moderne que celui de son laboratoire. Il n'inventait rien qu'en fabriquant. Penser lui était aussi insuffisant que de voir ou toucher. Il lui fallait limer, scier, incliner, ajuster, exécuter. Mieux que travailler, M. Louis désirait « faire ». N'est-il pas étrange qu'avec ses cames, ses griffes, un étau et des planchettes de bois, il ait agencé un automatisme dont allait naître l'art des fantômes? On rapporte qu'à l'issue des premières expériences atomiques, dans le désert du Nouveau-Mexique, alors que tous les aménagements s'étaient volatilisés, on ne retrouva dans les entrailles du sable calciné qu'une bille bleue, d'un verre inconnu. Cette primevère moléculaire, née de tant de bruit et de tant de fureur, fut pieusement recueillie et offerte à l'admiration du gang scientifique. Et voici cju'à l'autre bout du monde, un archéologue sans gloire a découvert dans une terre sans histoire une même bulle d'azur et de mystère. Notre réalité serait-elle, à son tour, une projection permanente et monstrueuse? Le film, non pas d'un savant nom métaphorique, mais de la lumière tout court? Si cela existe, la découverte du jeune homme inspiré n'en aurait que plus de transcendance. Nous connaîtrons peut-être demain sa valeur d'éternité. Maurice Bessy. Louis Lumière à Bandol. ( Photographie prise par son collaborateur Pierre Ciivier.) 52