La Revue du Cinema (1947)

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HERMAN G. WEINBERG Le culte de la platitude dans la critique cinématographique Parmi ncs collaborateurs, Henri Langlois seul ayant vu le film de Hans Richter présenté l'an dernier à l'Exposition de Venise, nous laissons volontiers l'éminent critique américain Herman G. Weinberg répondre à un article plus impétueux que ceux que nous avons coutume de publier. Au reste, nous laissons la place à la discussion pour éviter une querelle forcément vaine en espérant une très prochaine présentation des Dreams à Paris. — A. <i Tiens, tiens... » (vieux dicton). Dans^ le Nouveau Dictionnaire des Citations de H. L. Mencken — le recueil d'aphorismes le plus complet qui existe — on ne trouve pas moins de cinquante-huit citations ou définitions se rapportant à la profession de Critique. Sur ce nombre, onze seulement sont favorables. Dans le même ouvrage, seuls les Avocats et les Médecins réunissent un pourcentage plus élevé d'appréciations désobligeantes émises par les esprits les plus éminents de tous les temps. Il est bien vrai de dire que le métier de critique est aussi dangereux qu'ingrat et, pour un critique qui a su se montrer digne de la définition d'Anatole France (« Celui qui décrit les émotions de l'âme en présence d'un chefd'œuvre »), on pourrait sans doute en citer vingt autres qui ont mérité le mépris de Samuel Johnson : « Une mouche peut piquer un fier destrier et même le faire trembler; elle reste un insecte tandis que le cheval reste un cheva 1 » En ce qui me concerne, j'ignore dans cjuelle catégorie je me classe mais, au cours de vingt années de carrière, j'ai souvent trouvé autant de plaisir à fréquenter des critiques que des chefsd'(EUvre. On dira que les avocats et les médecins sont aussi des critiques — à leur manière — mais que penser d'un métier où un homme emploie toute sa ruse à faire condamner un individu qui est peut-être innocent ou bien à en faire acquitter un autre qu'il sait être coupable? Ce n'est plus de la conscience professionnelle, c'est une « saloperie ». De même qu'en consultant douze médecins sur un même cas on peut recueillir douze diagnostics différents, de même douze critiques peuvent émettre douze opinions différentes sur une même œuvre, — surtout lorsqu'il s'agit d'un film. Et ceci nous amène à l'objet de cet article. Pendant que je l'écrivais, il s'est produit à New York un événement absolument sans précédent : un critique de cinéma a lancé une violente attaque contre tous ses confrères new-yorkais — sauf un seul — les accusant de n'avoir pas su apprécier les qualités du film Dies irœ de Cari Dreyer et déclarant qu'ils n'étaient pas qualifiés pour donner un avis sur une œuvre de Dreyer, — ce qui est d'ailleurs parfaitement exact. A New York, peut-être plus encore qu'ailleurs, on manifeste une véritable adoration pour le style plat et mielleux usité en matière de critique cinématographique; je suppose que cela tient principalement à ce que personne ici ne prend vraiment le cinéma au sérieux. Ainsi, la phrase ronflante, le cliché usé, la comparaison facile (et d'ailleurs fausse), l'inévitable plaisanterie aux dépens des plus louables intentions sont entrées dans le répertoire habituel du chroniqueur new yorkais et doi\-ent indi(juer sa supériorité morale et intellectuelle. 54