La Revue du Cinema (1947)

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non pas un quart d'heure mais exactement i8 secondes sur les lo minutes et demie de l'épisode. Pendant les lo autres minutes et 15 secondes, Richter s'est servi d'un rythme construit, qu'il avait utilisé d'abord dans Rythm 21 (trois ans avant le Ballet mécanique) et plus tard dans Vormittagsspiik, Filmstudie, Everything Turns, etc. Citons encore M. Langlois à propos de L'Age d'or (1930) : « De toute évidence, ce film, exorcisé par la censure catholique et puritaine, en est la caricature et le plagiat. » Autant dire que Dreanis est un plagiat d'Émile Cohl, de Max Linder, de Nanoiik ou de Ben Hiir. A part le fait que Bunuel et Richter étaient tous deux surréalistes, il n'y a pas la moindre ressemblance entre leurs oeuvres ou leurs méthodes, leur seul trait commun résidant dans l'originalité de leurs personnalités. Prétendre que L'Age d'or ait pu inspirer Dreams en quoi que ce soit, c'est élever l'astygmatisme à la hauteur de la métaphysique, ce qui, je l'avoue, est trop fort pour moi. J'aime ces deux films mais il m'est impossible de leur trouver un point commun et M. Langlois ne me facilite pas la tâche. Au reste, lui-même n'est pas plus heureux dans son effort vers la vérité lorsqu'il écrit : « Ceux qui ont eu le cynisme de faire des « mobiles » de Calder ce qui se trouve dans le cerveau d'une petite fille modèle et de son grandpère, le gentil vieillard, sont des commerçants plus lamentables que les pires forbans du cinéma. » Le créateur de ces « mobiles » serait certainement le premier à vouloir protester contre de tels abus. Or, dans une lettre à Richter, Calder écrit : « Je suis satisfait du résultat, non seulement en ce qui concerne la partie qui m'est consacrée mais aussi pour l'ensemble du film. » Avant de relever des qualificatifs tels que « commerçants » et « forbans », je veux laisser Richter lui-même exprimer ce qu'il a à dire à propos de la « petite fille modèle » et du « gentil vieillard ». « Un jour, raconte Richter, un jeune « homme d'environ vingt-huit ans vint « chez moi m'apporter mon linge. Il « reconnut tout de suite les tableaux « accrochés aux murs : « Ça c'est un « Mondrian, me dit-il plein de fierté, et « ça c'est surréaliste mais de qui?... '( Tanguy ou Ernst » Ce garçon n'avait « qu'une instruction modeste et il n'avait « jamais étudié la peinture mais il était « attiré par le mystère de l'art. « En tant que Directeur de l'Institut (( Technique du Film au City Collège de « New York (011 la partie la plus pauvre « de la population vient s'instruire), je « rencontre constamment parmi mes « élèves des jeunes gens qui se sentent « à la fois attirés et déroutés par les « subtilités des peintres, poètes et compo« siteurs modernes. Aux États-Unis, l'art « moderne n'est pas une formule éso« térique mais plutôt quelque chose d'un « peu mystique touchant à la magie. J'ai « été frappé et séduit en constatant « l'attrait qu'exerce l'irrationnel sur des « gens tout simples — ceux que M. Lan« glois appelle des « Babbitts ». Il y a là « un phénomène que je ne puis expliquer « mais que j'ai voulu utiliser dans mon « film pour deux raisons ; d'abord pour « l'intérêt artistique du contraste et, « ensuite, pour le problème psycholo« gique dont le spectateur pourra faire « la synthèse suivant sa propre sensibilité. « Ce phénomène ne se rencontre pas en « Europe où l'équivalent du Babbitt amé« ricain se contente d'ignorer purement « et simplement l'art moderne et de lui « opposer un solide « je-m'enfoutisme ». « Babbitt ne le comprend pas davantage « mais il y est sensible et se laisse « charmer comme par un tour de magie. « C'est pourquoi, dans mon film, j'ai « développé ce point de vue logiquement « afin que le côté irrationnel de chaque « « rêve » compensât en quelque sorte la « réalité de la vie de chaque prota« goniste. Ainsi le rêve le plus délicat « (les disques de Duchamp) se retrouve <( dans le cerveau du personnage le plus « vulgaire (le gangster), le plus volup« tueux; et Désir, de Max Ernst surgit « dans le crâne d'un petit bonhomme « desséché. De même, l'univers des « « mobiles » de Calder apparaît à la « génération future personnifiée par la « petite fille modèle comme aussi chez « le vieil aveugle retombé en enfance. « J'ai tenté de lier l'expérience irra« tionnelle de l'art moderne à la vie « rationnelle de tout le monde. Si j'ai « échoué dans cette synthèse, je crois 56