La Revue du Cinema (1947)

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JACQUES BOURGEOIS Panorama du dessin animé HOLLYWOOD. — Aujourd'hui que le dessin animé semble sorti de sa période héroïque, il est intéressant de faire le point de la production internationale. Grâce à son sens pratique et à son talent d'organisateur, Walt Disney a su créer une formidable usine d'art. La perfection technique de ses réalisations domine nettement toute la production : son moyen d'expression a atteint une souplesse totale, et ses deu.x mille artisans-réalisateurs travaillent comme s'ils ne faisaient qu'un avec lui. Mais il semble que la personnalité de Disney se révèle aujourd'hui insuffisante du point de vue de l'inspiration artistique. Parvenu de la culture, il a cherché à élever le dessin animé sur le plan esthétique. Après avoir donné la vie à ces personnages des comic-strips dont les aventures se déroulaient chaque matin dans les journau.x américains, il visa plus haut. Ce furent les Silly Symphonies où, pour la première fois, Disney tentait de forcer l'anthropomorphisme caricatural où il e.xcellait à devenir joli, au son de musiques de Chopin et de Mendelssohn, et, croyant atteindre ainsi à la poésie, commençait en fait à la sacrifier à l'agrément. Puis, voulant donner toujours plus d'importance au dessin animé dans l'industrie cinématographique, il entreprit des films de long métrage d'après le même principe, en se résignant très consciemment à sacrifier sa "liberté d'inspiration à la nécessité de nourrir l'intérêt du public pendant deux heures, nécessité qui l'asservissait à la cohérence d'une intrigue, d'autant plus que sa culture d'Américain moyen se satisfaisait de tous les poncifs sentimentaux et moraux propres à meubler une action. L'aboutissement de ce dessin animé d'art est Bambi, succession de morceaux de bravoure techniques où le dessin animé cherche à rivaliser avec les plus horribles réussites de la photographie d'extérieurs en technicolor, à grand renfort de panoramiques et travellings trop savants. Tout cela est bien trop concerté dans les movens comme dans le but ((jui est l'expression d'une philosophie .sentimentale de la nature naturante et éternelle pour écoles primaires), car, hélas! c'est dans le comique spontané que Disney est poète. Un film comme Bambi offre donc, avant tout, l'intérêt de montrer les possibilités de Walt Disney en même temps que ses limites. Les bons moments de Bambi sont (encore) les gags de personnages, ces gags qui offrent à Disney une matière suffisante à des films courts dans lesquels il triomphera toujours sans utiliser trop de moyens techniques. Dans cette catégorie, Tiger Trouble est une des meilleures réalisations comiques produites par les Studios Disney. Parmi les personnages-types si cocassement caricaturés par Disney, le chien Goofy figure assez bien le petit fonctionnaire timoré que le scénario place toujours dans des situations absolument incompatibles avec sa personnalité de bon gars un peu naïf et étriqué. Cette fois, on lui fait chasser le tigre. Le thème du film est une poursuite, thème cinématographique entre tous, comme on l'a su bien avant René Clair. 59