La Revue du Cinema (1947)

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brouillard artificiel qui l'enveloppe pour le considérer dans la même perspective que son premier film de long métrage : Le Navire blanc (1941). Ce documentaire discrètement romancé illustrant l'activité des services médicaux de la Marine italienne fut, sur une commande ministérielle, composé et complètement découpé par Francesco De Robertis, à la suite du succès de Uomini siil fondo {S. 0. S. 103) que De Robertis avait réalisé lui-même. Nul doute que le rigoureux commandant de sous-marin n'ait révélé au jeune cinéaste la possibilité d'animer ses films avec des acteurs non professionnels, — l'officier faisant l'officier, la femme du matelot attendant son mari avec sa naturelle anxiété de femme de marin, etc. En revanche, loin d'écrire, décrire et prévoir chaque plan de ses films au point d'en dessiner les images dans son découpage comme son .( maître », Rossellini invente plus ou moins sa mise en scène au fur et à mesure qu'il tourne; ce qui est un avantage quand il est obligé d'improviser ou de s'adapter à des conditions de travail difficiles (Rome ville ouverte) mais qui est dangereux lorsqu'il s'attaque à un sujet qu'il ne possède pas à fond (Allemagne année zéro ) . Pour être aussi réussie que celle de Rome, la chronique de l'Allemagne (qui pourrait s'appeler plus modestement Berlin-zone française, année zéro ou même Une maison de Berlin en l'an zéro) aurait dû être faite, sinon par un Rossellini allemand, au moins par un Rossellini comprenant l'allemand et fouillant Berlin durant des mois pour €n respirer les cendres. Si j'ai pu, et avec quel plaisir ! écrire dans cette Revue (n" 4) et répéter (n° 13) que les personnages de Paîsà « sont peints comme par un romancier et non photographiés comme par un reporter », ceux de Germania semblent attrapé.s à l'improviste par un envoyé spécial pressé de rapporter du sensationnel. Succès d'adresse, Allemagne année zéro est également comparable à une composition d'étudiant rusé dont le professeur récompense l'habileté à dissimuler son ignorance, s'il juge cette habileté préférable à une érudition épaisse et glacée. Le résultat n'en est pas moins froid, comme l'acier avec lequel le réalisateur a dû couper ses lamelles de vie berlinoise. Ne pouvant aller en profondeur jusqu'au cœur des choses, Rossellini s'est laissé entraînes à divulguer l'horreur de certainer situations en piquant dans de la pourriture qui n'est pas choquante -par ellemême — la débauche des enfants, la concupiscence d'un professeur pédéraste, la férocité générale — mais à cause de l'insistance puérile et de la paresse de l'auteur-réalisateur. Même observation pour les aperçus sur le marché noir et sur les déboires du petit protagoniste de dix ans, que les malheurs de sa famille chargent de responsabilités et d'épreuves. On reste indifférent devant trop de croquis ébauchés en vitesse. Mes reproches vont autant au photographe qu'au réalisateur, et je les étends au musicien. Et le fait qu'après avoir tourné trop au hasard dans les rues de Berlin, Rossellini ait reconstitué sa maison à demi détruite au studio, pour de trop nombreuses et assez faibles scènes avec ses interprètes principaux, accuse encore le côté hâtif et superficiel d'un ouvrage qui devrait, faute d'être une parfaite synthèse du chaos germanique, présenter des impressions personnelles éloquentes sur la tragédie de l'Allemagne, en cet an zéro de sa lamentable histoire. On dirait en somme que Rossellini a collé des bouts de journaux l'un à la suite de l'autre pour en faire un livre. Comme il a tout de même fabriqué un récit pour lier le tout, des discours instructifs a.ssez mornes font finalement de la souffrance des sinistrés une obsession si précise qu'elle devient beaucoup 65 5