La Revue du Cinema (1947)

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La première partie du film est la moins réussie. Peut-être fallait-il commencer par un coup de tonnerre, par quelque monstrueuse invraisemblance où aurait percé l'essence héroïque et mythologique des Pieds Nickelés. Le rythme a du mal à s'établir, l'action demeure flottante, le ballet avec les gendarmes au milieu des draps de lit séchant au vent (parodie d'un esthétisme à la Cocteau?) est d'un comique assez laborieux. Ensuite, peu à peu, le mouvement s'organise et se déchaîne. Pdis Sherlokokos dans sa jeep et l'épisode de la rivière font penser à certaines réussites de Disney (Donald, Goofy et Mickey Mouse). La séquence de l'institut de beauté, plus proche du comique de Fernandel et de Georges Milton, ne sacrifie cependant jamais la mise en scène à des effets de comédien. Enfin, toute la seconde moitié du film est éblouissante. La bagarre dans le repaire de la' bande rivale est non seulement un morceau d'anthologie burlesque mais peut encore figurer à côté des grandes bagarres de l'écran telles que celle de Son homme ou de La Maison des sept péchés. Le voyage en ballon renouvelle complètement, tant par l'esprit que par les moyens, ce gag. que l'on croyait pourtant définitif, de la « cabine pleine à craquer » dans Une Xuit à l'Opéra. Il faut aussi noter comment des mo\-ens spécifiquement cinématographiques (ralenti, accéléré, procédés de substitution renouvelés de Méliès) sont utilisés à des fins comiques. Le son même est réduit au nMe très particulier de commentaire de l'image. Le film parle très peu. Beaucoup de scènes sont muettes et seulement ponctuées par la musique, sans effets de dialogue. Enfin, le comique par surprise, un des principaux artifices de la scène, n'est jamais utilisé : au contraire, le texte parlé nous explique chaque fois ce qui va se passer : après quoi oh nous le montre et le public rit justement parce qu'il sait. L'interprétation est malheureusement assez inégale. Bien que faisant rarement appel au comique d'acteur, ce film exigeait des personnages très vigoureusement typés. Il est évident qu'on demande avant tout aux Pieds Nickelés d'avoir une présence (on ne peut s'tmpêcher de penser aux Marx Brothers). Or, seul le pittoresque Ribouldingue incarné par Maurice Baquet e.xiste effectivement (tout en souffrant du voisinage de ses acolytes insuffisamment contrastés). En fait, c'est Pasquali, Sherlokokos, chargeant au maximum un ineffable personnage de ganache, qui domine toute la distribution. Mais on ne peut pas ne pas remarquer aussi Pierre Méré dans l'ahurissante silhouette du mauvais garçon à la laryngite et qui semble échappé d'un dessin de Grove que Fieischer aurait animé. Pour conclure, disons que ce film fait de bric et de broc mérite de figurer tout à côté des combinaisons, souvent trop rigoureusement échafaudées de René Clair, parmi les meilleures œuvres comiques du cinéma français actuel. Les Pieds Xickelés se rattachent à la belle époque de Prince Rigadin et de Max Linder, dont la « tradition » se trouve enrichie aujourd'hui de tout l'apport américain. Jacques Bourgeois. 71