La Revue du Cinema (1947)

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MARY SEATON Histoire du film inachevé d'Eisenstein : Que Viva Mexico C'est sans doute une des aventures les plus compliquées de toute l'histoire du cinéma que celle d'Eisenstein et de son film mexicain. Pour débrouiller les démêlés d'Eisenstein avec son producteur Upton Sinclair et retracer les événements qui amenèrent certaines personnes, dont moi-même, à monter des fragments du film, un volume entier ne suffirait pas ! Et encore faudrait il en consacrer une bonne moitié à l'analyse des quelque soixante mille mètres tournés par Eisenstein et qui constituent la matière première de Que Viva Mexico. Si Eisenstein avait pu monter son film et en donner une version définitive, il est certain que cette œuvre aurait joué dans le développement du cinéma un rôle au moins aussi important que son fameux Cuirassé Potemkine. Je ne dis pas cela à la légère car, ayant collaboré directement avec Eisenstein, je connais chaque détail du film et toutes ses intentions quant à la forme définitive dans laquelle il l'avait imaginé. En réalisant cette œuvre, Eisenstein chercha, dans la partie documentaire comme dans celle qui relève de l'imagination, non seulement à renouveler son esthétique mais aussi à modifier et à approfondir ses théories philosophiques. Il avait alors trente-cinq ans et il mit dans ce film ses pensées et ses sentiments les plus intimes, sa philosophie personnelle, ses idiosyncrasies et sa vision d'une civilisation — celle du Mexique — qui provoqua en lui une des transformations les plus radicales de son existence. Le fait qu'il ne put achever ce film prive le monde de l'œuvre la plus révélatrice des aspects inédits de son génie, de l'œuvre qui avait surgi du plus profond et du plus secret de sa personnalité. L'entreprise d'Eisenstein était la plus grandiose qui ait jamais été tentée au cinéma, tant par son sujet que par les problèmes que posait sa réalisation. Que Viva Mexico devait retracer l'histoire de toute la civilisation mexicaine depuis ses origines, bien avant la découverte du Nouveau Monde, jusqu'à l'époque où Eisenstein y travaillait, c'est-à-dire en 1931. Quand, à Moscou, Eisenstein me parlait de son film, il l'évoquait comme une « histoire vivante » du Mexique et du peuple indien du Mexique. La conception précise qu'il avait de son film s'était formée en lui pendant le voyage de trois mois qu'il fit à travers ce pays et où il découvrit que les différentes périodes de l'évolution mexicaine coexistaient encore simultanément, pour ainsi dire les unes sur les autres, comme des roches superposées. Ces couches étant particulièrement 3