La Revue du Cinema (1947)

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étaient encore intactes; il semblait tenir tout spécialement à celle du Jour des Morts. On put croire un instant qu'il allait enfin récupérer son film, mais la guerre éclata et cet espoir dut être abandonné. Alors, avec la collaboration de Paul Burnford,je me mis à entreprendre, à établir et à surveiller le montage de Time in the Sun. Ce film n'a pas la prétention d'être le Que Viva Mexico d'Eisenstein, il n'en est que le squelette, d'après le souvenir de ce que son auteur m'avait confié avec tant de chagrin. Le plus tragique de l'histoire de Que Viva Mexico c'est que, même après le montage de Time in the Sun et sa sortie en 1940, Eisenstein aurait encore pu faire son film avec le négatif que je possédais et ce qui restait de la pellicule. Alors qu'approchait la date d'expiration de mes droits sur l'ensemble du film, je suppliai la Cinémathèque du Musée d'Art Moderne, à qui j'avais fourni tous les détails sur le film, de bien vouloir l'acheter à Mr. Sinclair afin de le mettre en sîireté. On m'y répondit qu'on regrettait mais qu'on n'avait pas prévu la conservation des films inachevés. Quelques mois plus tard, Upton Sinclair vendit, pour une bouchée de pain, le reste de cette bande fameuse à la société des appareils Bell et Howell. Le monteur de la cinémathèque de cette maison en fit une série de courts-métrages éducatifs. Telle fut la fin de ce qui aurait été sans doute le plus grand film d 'Eisenstein. L'histoire de ce film qui a tant fait parler de lui se termine avec la fin de la seconde guerre mondiale. Eisenstein m'envoya un message me demandant de lui faire parvenir une copie de Time in the Sun en 16 mm, chose que je ne pouvais me décider à faire sans en être priée, pensant que cela ne pourrait qu'augmenter sa douleur, maintenant que le reste du film n'était plus récupérable. J'accédai à son désir et cette copie souvenir tragique et incomplet de sa vision grandiose, fut tout ce qu'il vit jamais de son travail. Une dernière chose reste à dire sur Eisenstein mis dans l'impossibilité de terminer Que ]'iva Mexico. La première fois que je rencontrai Eisenstein en 1932, peu de temps après qu'il eut appris que Sol Lesser faisait monter à Hollywood une version tronquée de son film, (étant revenu à Moscou avec la promesse d'Upton Sinclair de lui envoyer un négatif de son film), il avait perdu le goût de l'existence. Il songeait à se suicider et il n'en fut empêché que grâce à la profonde amitié de son opérateur Tissé et de sa secrétaire Fera Attacheva. Il disait qu'il ne réaliserait plus jamais de films; pourtant, en 1936, il mit en scène Le Pré de Bégine, qui ne fut jamais terminé. Au début de la réalisation de ce film, il attrapa une variole qui ne fut pas très grave mais dont les suites affaiblirent son cœur et le contraignirent au repos. Guéri, il continua le film qui fut finalement interdit. Par la suite, il tourna : Alexandre Nevsky et les deux premières parties d'Ivan le Terrible. Beaucoup de ceux qui virent ces deux films n'y retrouvèrent pas l'Eisenstein du Potemkine, d'Octobre et de La Ligne générale. Il ne pouvait en être autrement et je crois même cjue, s'il avait vécu, il ne se serait jamais remis du choc de 16