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si nous supposons, métaphysiquement, que l'essence des choses terrestres n'est pas différente de l'essence des choses du Ciel. « C'est cet admirable, cet immortel instinct du beau qui nous fait considérer la terre et ses spectacles comme un aperçu, comme une correspondance du Ciel », écrit Baudelaire. Notre soif du fantastique, du fabuleux, du surnaturel, exprime moins notre désir d'autre chose que celui de voir toutes les virtualités de ce monde portées à un plus haut degré de réalisation. Comme tout serait plus beau si notre expansion n'était pas soumise au frein du temps et de la pesanteur, si notre cœur pouvait aimer sans défaillance, si nous ne nous laissions pas égarer par le papillotement du divers ! Mais c'est en somme le réel que nous voudrions voir amplifié, accompli jusqu'aux extrêmes limites de ses possibles. D'autre part, et tel qu'il est, ce monde serait passionnément émouvant si nous n'en étions pas séparés par la représentation pragmatique des objets. Loin de prendre des vessies pour des lanternes, nous prenons les lanternes pour des vessies. Un flot d'existence nous entoure et nous soulève : nous en faisons des objets morts, bien distincts, bien catalogués. Mais la réalité de sens commun, l'usuelle réalité des choses, qui nous déçoit et qui nous blesse, n'est pas le réel — et le poète le sait bien ! Il est vrai que le réel nous est dur et qu'il nous tue, aussi cruellement d'ailleurs qu'il nous comble de splendeurs actuelles ou promises; mais c'est son rapetis.'-'ement à la taille d'objets interchangeables, fussent-ils gros comme le soleil qui, seul, le rend stupide et méprisable.
Voilà dans quelles perspectives fuyantes se pose la ciuestion du réalisme.
Notons d'abord que la science n'est pas réaliste. La représentation des phénomènes physiques et astronomiques tels qu'ils apparaissent à l'œil nu ou au télescope, l'image colorée du spectre solaire, l'album de zoologie descriptive, la planche anatomique, ne sont pas plus réalistes que la photographie ou le documentaire de cinéma. Le réalisme est chose de l'art, il concerne l'art et relève de l'art.
D'où vient la différence? Assurément de ceci : que l'art.
Fritz Lang : Les Nibelungen, la forêt de Siegfried. « Notre soif du fantastique, du fabuleux, du surnaturel, exprime moins notre désir d'autre chose que celui de voir toutes les virtualités de ce monde portées à un plus haut degré de réalisation. »
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