La Revue du Cinema (1947)

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Documents : 2 GUIDO ARISTARCO Théories sur le cinéma Au moment où Henri Langlois, ici-niéme (*), recherche et retrouve les preuves du génie inné des cinéastes de la période « primitive », apparaît encore plus net que les hommes qui ont eu l'influence la plus forte et la plus poignante, les explorateursinventeurs de l'écran, les créateurs de styles et les théoriciens actifs n'ont pas eu le temps, la patience ou le désir d'écrire sur ce qu'ils réalisaient. C'est à nous de tirer les leçons de l'œuvre et de la manière des Griffith et des Feuillade, des Murnaii et des Lang, des Cliaplin et des Langdon, des Stroheim et des Dreyer, des Ford et des Renoir, etc. Et ce n'est nullement par négligence que nous n'avons pas parlé plus profondément de certains d'entre eux, mais seulement parce que nos travaux ne sont pas encore achevés. Souvent la documentation manque, non seulement pour ranimer des souvenirs, affirmer une idée mais simplement même pour connaître une œuvre. Des pays entiers ignorent certains films. Il est par exemple « déconcertant », comme nous écrit un abonné neu-yorkais, que '< la Revue du Cinéma n'ait pas encore parlé de Schtchors, film capital » (réalisé par Dovjenfîo en 1938-1939 j. Hélas! nous n'avons jamais réussi encore à voir ce film, et les cinéastes et amateurs d'Italie n'ont même jamais vu La Terre du même auteur. En attendant, une récapitulation des méthodes expérimentales et théoriques auxquelles se réfèrent le plus souvent écrivains et cinéastes était nécessaire. Nous devons celle-ci à un jeune critique milanais docte autant qu'érudit. — J. G. A. Les équivoques et les préjugés pèsent encore sur le cinéma; la plupart des intellectuels, tout en s'intéressant au nouveau moyen d'expression pour diverses raisons — plutôt pratiques qu'idéologiques — en ignorent encore l'essence et les possibilités. Tout au plus Emilio Cecchi parle-t-il « d'art par procuration (i) », d'interposition, et Tilgher concède-t-il au cinéma quelques pages de son Esthétique, en tombant toutefois dans l'équivoque du < poète-scénariste ». En vain, Bèla Balàzs écrivit-il dès 1924 : « L'art du cinéma exige des voix et des vœux, il demande quelqu'un qui le représente parmi vous, il veut être un objet digne de vos méditations, il réclame un chapitre dans ces grands systèmes où l'on parle de tout sauf de cinéma. » (2) Les paroles de Balàzs sont restées lettre morte : le cinéma, encore aujourd'hui, n'a pas franchi les portes des académies, du moins dans le sens et dans la manière voulus par le technicien hongrois. Des professeurs en Sorbonne écrivent bien des préfaces à des essais de philosophie cinématographique (3), mais il n'y a toujours pas de chapitres sur l'art du cinéma dans ces '( grands systèmes » où l'art cinématographique demeure à l'état de promes.^e. De toute façon, malgré le mépris d'un Proust (4) et l'ironie perçante d'un {*) Voir les Xotes sur l'histoire du cinc'ma d'Henri Langlois dans notre n° 15. D'autres notes suivront. (i) Voir les notes en appendice, page 39. 32