La Revue du Cinema (1947)

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GreggToland vient de mourir. Ci-contre, on le voit entre l'opérateur Lucien Andriot et le metteur en scène Robert Florey. Il fut un des meilleurs photographes du monde et de Hollywood, où il tourna, comme chef -opérateur , une quarantaine de films à partir de Palmy Days (1931), notamment Dead End, Les Hauts de Hurle-Vent, Le Long Voyage, Citizen Kane, La Vipère, Les Meilleures Années de notre vie. Par sa science et son habileté dans le métier qu'il aimait, Toland peut-être rangé parmi les théoriciens de l'art du film en ce sens que, grâce A la mise au point du pan-focus avec Orson Welles, il aida celuici puis Wyler à parfaire leur style en donnant moins d'importance au montage peur concentrer une action complexe dans un même plan. Pour la technique , voir l'article de Gregg Toland, L'Opérateur de prise de vues, dans le n° 4 de La Revue du Cinéma. Pour la théorie, voir les études d'André Bazin sur William Wyler, le janséniste de la mise en scène (n°^ 10 et 11). Murnau parvint à changer aussi à son idée, adaptant l'acteur au modèle qu'il avait conçu, le physique de certains de ses interprètes : le personnage de Nosferatu, par e.xemple, n'est pas humain, il est un vampire; et les comédiens américains qu'il a employés n'étaient plus américains sans devenir exactement germaniques : ils étaient des personnages de Murnau. De même, son Tartuffe (1925), muet et sans sous-titres indispensables, est ime re-création personnelle, étonnante, de la comédie de MoHère. Murnau est un des rares hommes qui ait réussi à créer son propre monde sur l'écran, monde qui procède tout entier de sa conception de poète et de mage, même s'il a eu la collaboration d'auteurs de sujets de la qualité d'un Cari Mayer. Comme Dovjenko est lyrique par une sorte de mysticisme, Murnau atteint au lyrisme par appétit romantique d'égaler l'Artisan divin. Tous deux sont sans doute les deux seuls artistes du cinéma qui aient pu dominer d'assez haut les contingences de leur temps pour en considérer les beautés et les laideurs, la grandeur et la misère avec sérénité. Je pourrais donner vingt exemples : se rappelle-t-on comme Dovjenkoa su emphaser le vrombissement des avions et le doter d'une résonance musicale {Aérograd) et comme Murnau a e.xposé les tristes merveilles de la vie des cités illuminées, forêts vierges de ciment et de ferrailles, déserts surpeuplés L'Aurore, La Bru (City Girl) ? Enfin, qui d'autre que Murnau a été capable de figurer plastiquement le voyage de Faust dans l'espace et dans le temps sans tomber alors (1926) dans les lourdes opérations des grandes machines d'Opéra? F. W. Murnau et Alexandre Dovjenko sont en avance sur leur époque. Tous deux auront soumis leurs œuvres à un public endurci à ne juger que de l'extérieur anccdotiquc. décoratif ou utilitaire des choses, des faits et des actes, sans chercher 46