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La Revue du Cinema (1947)

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DÉBAT SUR LE RÉALISME JEAN DESTERNES Quatre premiers entretiens : avec WELLES, PABST, LATTUADA, CASTELLANI. Venise, septembre 1948. Notes introductives ■ « Il faut distinguer le réalisme de la réalité, remarque Orson Welles, car en anglais les deux termes expriment bien la différence... » » Entre la réalité et le réalisme, me dit Pabst, on doit faire d'abord la distinction que nous avons dans la langue allemande... " C'est-àdire, si j'ai bien compris, mettez un peu au point votre vocabulaire. Puisque nous discutons, commençons par un essai de définition. Qu'est-ce que le Réalisme? Laissons de côté la preuve ontologique de saint Anselme et ne ranimons pas la (]uerelle des universaux, qui fut une façon comme une autre de disputer sur le sexe des anges. En esthétique, le terme de réalisme indique une volonté de transcrire le plus strictement que possible la réalité. Or la transcription directe est impossible, puisqu'il faut traduire cette réalité en mots, en sons, en couleurs, et dans le domaine cinématographique, en images et en séquences; c'est-à-dire déformer le réel. J'ai déjà envie d'écrire : première preuve de l'inexistence du réalisme. Mais voyons de plus près. ■ La traduction de la réalité s'exprime, en art, par un choix dans la masse mouvante des réalités qui nous entourent. Choisir, c'est supprimer ce (ju'on ne choisit pas. On ne peut faire autrement, c'est entendu, mais on trahit donc forcément le réel en passant sous silence ce qu'on a repoussé. Un exemple : allez donc transcrire la réelle réalité, je ne dis pas de Paris, je ne dis pas d'un quartier ni d'un carrefour, mais d'une terrasse de café. Par les détails que vous allez choisir, soit vulgaires, soit cocasses, soit aimables, soit sinistres, vous allez faire preuve d'une partialité qui se nuance indéfiniment, et les détails que la plume, le pinceau, la caméra ont laissés de côté n'en existent pas moins, cocassement, poétiquement ou tragiquement réels. ■ Restons sur cette terrasse, si vous le voulez bien, et demandons-nous si, derrière le visage pensif de la petite blonde, la barbe assyrienne du jeune poète, le front fuyant du cafetier, notre réalisme ne va pas se casser (métaphore) les dents. Je récapitule : déformation (obligatoires) du réel par les moyens d'expression, déformation (obligatoire) par la nécessité d'en isoler les éléments, limites (obligatoires) devant des réalités hors d'atteinte. C'est procéder, me dira-t-on, par élimination. Pourquoi pas? Il vaut mieux partir du point de départ, c'est-à-dire le réel, que du point d'arrivée, c'est-à-dire l'œuvre d'art. Si nous posons l'équation Réalité + ^^rt — Réalisme, les termes n'en sont nullement quantitatifs mais — c'est là toute la question — qualitatifs. Le réaliste conscient tentera de ré 49 4