La Revue du Cinema (1947)

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instrument. Chacun sait que « l'écriture automatique » est une invention surréaliste... Le style peut jouer sur les aspects les plus communs du réalisme (au sens « misérabiliste » du mot) de deux façons. Car dans le goût du laid et du bas, on peut distinguer deux courants : une inclination pour la médiocrité (le naturalisme mëèquin, sous sa forme chronique du monsieur travaillé par son ver solitaire) et un penchant pour la tératologie, sous sa forme la plus démoniaque. C'est à ces deux extrêmes que le style peut utilement transformer l'ennui du réalisme mesquin, l'outrance du réalisme tératologique. Le morne quotidien pourra donner matière, l'observation fine se prêter aux nuances, laisser intervenir l'humour et la psychologie. Le trivial pourra se hausser dans la caricature à la symbolique hugolienne et au mythique shakespearien. ■ A propos des deux derniers films de Rossellini, Jean George Auriol employait l'expression : « Au petit bonheur. » C'est là qu'est le danger, non dans le sujet ni le choix des éléments, mais dans la négligence du style, ce qui est aussi grave qu'une perte de contrôle pour un coureur cycliste. Et nous sommes alors angoissés en criant : « Attention, ta roue se dévisse !... » En fait, nous avons peur que, faute de style, nos cinéastes « perdent les pédales ». ■ En résumé, le réalisme ne peut être une traduction du réel, soumis comme il l'est à ses limitations. Rien n'est vrai dans l'absolu mais tout est vrai dans le relatif. Les éléments qu'il utilise,, réalistes ou non, le cinéaste les transfigure en les mettant en forme au moyen d'un certain style de découpage, de réalisation et de montage. C'est le style qui sauvera les réalistes du réalisme, et réciproquement, bien entendu, si avec Montaigne on se garde aussi de ceux qui « artialisent la nature au lieu de naturaliser l'art ». ORSON WELLES ; " Le réalisme ne m'intéresse pas " « Les Actualités, voilà le plus grand ennemi du cinéma en tant qu'art. C'est de la matière sans intérêt. Il n'est rien de plus facile que de faire jouer n importe quel passant de la rue dans un film. Ce qui est plus compliqué, c'est de les faire sortir de I'k anonymité ». C'est avec les acteurs qu'on doit faire de l'art. — Mais les Italiens ont fait de bons films sans acteurs professionnels. — Rossellini et Lattuada ont beaucoup de talent, mais le cinéma aujourd'hui est dans une impasse. II n'y a rien eu de neuf depuis dix ans, à part Choucha. — Pourquoi Choucha? — C'est le seul film où l'on ait su faire de l'art en partant de la réalité, tous les autres sont très vieux, vieux comme le monde. Déjà démodés. Les films italiens d'après-guerre avaient leur raison d'être sur le moment : du journalisme filmé. La situation d'aprèsguerre en Italie, est déjà dépassée. Ils ne veulent pas tous le comprendre. — Le réalisme peut donner des œuvres différentes de votre esthétique, mais tout aussi valides. — Le réalisme n'a de valeur que pour un but moral ou politique. Quant à parler du « néo-réalisme » à propos de mes films, c'est une plaisanterie. Je suis plus près de Carné que de Rossellini. Carné n'est pas réaliste, vous le savez bien, mais transfigure la réalité dans son styl-e. Ce qui est intéressant, c'est le style de Carné, et pas la réalité qu'il représente. Ce n'est pas moi qui vais citer Buffon... — C'est donc avant tout votre personnalité que vous cherchez à mettre dans vos films? — Oh, tous mes films ont été des expériences, même Macbeth, quoique ce soit plus qu'une expérience : je savais où j'allais, et j'ai voulu tenter quelque choï e 54