La Revue du Cinema (1947)

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— Vous vous y découvrez une certaine parenté, je crois, avec Eisenstein ? — Nous sommes tous deux fils du même père, nous sommes les deux héritiers de Griffith. Mais nous avons pris des chemins différents et nous ne sommes pas parents entre nous, sauf parce que nous tournons le dos au réalisme. Pour moi, le réalisme n'existe pas, le réalisme ne m'intéresse pas. » GEORG \V. PABST : " Le réalisme est un passage " « Réaliste, moi? me dit G. W. Pabst, à Venise. Réaliste? Mais vous n'avez pas vu Le Procès? Et il m'expliqua comment le recul dans le temps lui permit d'épurer le style, de ramasser les épisodes, de manier presque abstraitement les mas.ses, les lumières et les sj-mboles. — Dès mes premiers films, j'ai choisi des thèmes « réalistes » pour me montrer résolument styliste. Que ce soit dans la peinture d'une fille galante, d'un port avec ses bas-fonds, etc., le sujet ne fait rien à la chose. Je crois que le seul de mes films qui puisse mériter le terme de « réaliste » est La Tragédie de la mine. Mais ce qui m'intéressait dans ce thème était sa portée sociale et le message de fraternité qu'il pouvait apporter. Quant à Loulou, il se rapproche de l'école expressionniste et L'Opéra de quai' sous est la stvlisation de tous les éléments visuels et sonores d'une réalité très « réaliste », celle des bas-fonds, traités de la manière la moins réaliste qui soit. » Pabst connaît mal le « néo-réalisme italien », mais ne croit pas, en tout cas, que l'utilisation d'acteurs non professionnels soit une victoire du réalisme : — Lorsque j'ai fait tourner, après Stiller, une petite jeune fille inconnue qui n'avait pas di.x-neuf ans, je n'utilisais pas une vedette. Elle s'est pourtant appelée par la suite Greta Garbo. Plus tard, j'ai engagé une étudiante de quinze ans. C'était, ou plutôt ce n'était pas encore, Micheline Presle. « Le réalisme n'est pas une nouveauté. C'est un phénomène qui est appelé à reverdir tous les vingt ans, à la faveur de n'importe quelle condition extérieure. Alors des réalisateurs s'enivrent de leurs théories et de leur ptireté. Mais s'ils s'en tiennent à leurs théories, ils restent dans ime impasse. Pabst sourit de « cette ridicule flambée du réalisme à l'américaine ». — C'est bien trop tard pour eux. Croient-ils se jeter dans le réalisme comme dans un bain de Jouvence. On apprend que Hathaway, par exemple, fait entrer ses acteurs dans la prison réelle et les fait manger à la vraie gamelle la vraie pitance des prisonniers. C'est amusant mais il ne suflit pas de s'habiller en clochard pour en éprouver les états d'âme. — Comme le héros des Voyages de Sullivan... » Et Pabst, en m 'exposant ses projets, me fait une profession de foi anti réaliste : — Sous le soleil de Rome est un bon film, mais parce que Castellani a du style. Renoir et Carné sont de grands metteurs en scène pour les mêmes raisons. Le réalisme doit être un tremplin pour rebondir plus loin et ne peut avoir de valeur en soi. Il s'agit de dépasser le réel. Le réalisme est un moyen; ce n'est pas un but, c'est un passage.» LATTUADA, VISCONTI, CASTELLANI, OU vers m " néo-irréalisme " -Alberto Lattuada semble avcjir bien compris que la situation chouchesque (de Choucha qui s'écrit Sciuscia), l'exploitation de l'après-guerre en Italie, est pour le cinéma une période révolue. Ainsi il a abandonné le film qu'il avait déjà écrit sur les cheminots, parce qu'il était très centré dans l'époque et qu'il ne s'agit déjà plus de chanter la reconstruction. 55