La Revue du Cinema (1947)

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— Avec Z,^ Moulin du Pô, d'après le roman de Baccheli, je voudrais chercher à indiquer au réahsme un nouveau domaine et presque une nouvelle dimension. Je voudrais le lâcher dans l'espace, et nombre de plans dans le film seront pris d'assez loin, avec beaucoup de ciel. Tout est tourné en plein air évidemment. On ne peut pas restituer la campagne en studio. « J'utilise indifféremment professionnels ou non. Il ne s'agit, pour ceux qui sont devant la caméra, que de vivre ce qu'ils ont à vivre. Pour les paysans, ils pouvaient dire avec une grande vérité leur dialogue car, au moment où je tournais les premières grèves paysannes de la fin de l'autre siècle, éclataient d'autres grèves, bien réelles celles-là, et l'on faisait un bond dans une autre époque en y retrouvant les mêmes problèmes. « J'ai voulu me dégager du naturalisme étroit avec lequel on traite généralement la terre et faire sentir aux paysans eux-mêmes leur vraie grandeur. » Lattuada garde de sa formation d'architecte un goût très sûr de la construction et, qu'il s'empare d'un sujet contemporain ou du passé, il lui faut d'abord le construire. Ainsi, avec Senza pieta (Sans pitié), il introduit un ordre dans le désordre et s'avance, règle et compas en main, dans l'enfer de Livourne. On aura tôt fait de citer Kafka et Richard Wright à propos de l'odyssée de ce soldat noir et de cette pauvre fille aux prises avec un destin et une société également impitoyables. Lattuada lui aussi a dépassé la chronique et pour lui l'anecdote n'est pas seulement située à Livourne : c'est le support d'une vérité plus vastement, plus sinistrement générale. « Je m'efforce de gratter le pittoresque, précise Lattuada, pour retrouver, dessous, les lignes pures. » ■ Avec moins d'éclat que Luchino Visconti dans La Terre tremble, Lattuada va sans doute plus loin dans l'amertume. Tous deux, en tout cas, semblent faire, de façons très différentes, la critique interne du mouvement. C'est le « noyautage » du Réalisme par la littérature, car, avec le lyrisme le plus glacé, Visconti a poussé le réalisme dans ses derniers retranchements, là où il n'est plus supportable et où il n'est plus réaliste. Mais je dis « réalisme « parce que La Terra tréma, parlant sicilien, est faite de prélèvements réalistes sur la réalité sicilienne, de blocs de réel taillés avec un art admirable. La Terra tréma, c'est trois heures à'art brut. ■ Je n'ai pas l'impression que Castellani soit un bon zélateur du Réalisme, malgré les gages fulgurants qu'il vient de donner à l'école avec Sous le soleil de Rome. Parti d'un style très strict, images au cordeau, montage au métronome. Le Coup de pistolet fut son devoir de bon élève : rigueur, froideur, sécheresse ; si bien qu'avec son dernier film, il a l'air de jeter sa gourme. Le voilà qui songe à tourner Othello, sur les campi de Venise, d'après le conte italien qui servit de source à Shakespeare. Le réalisme? Je l'ai fait rire. Il m'a avoué qu'il considère les scènes les plus appuyées de son film comme une charge du néo-réalisme. Singulière recrue qui semble lui aussi déborder les théories en les appliquant trop bien. Encore un (( extrémiste » en marche vers le néoirréalisme ! Orson Welles et Pabst m'ont donc fait des professions de foi anti réalistes. Rossellini et Visconti semblent vouloir nous apporter des preuves (par l'absurde) de l'inexistence du réalisme. Lattuada et Castellani pensent qu'on peut le styliser... J'écris ces pages à la veille d'un départ pour Londres, où je trouverai psut-être d'autres réponses au.\ mêmes questions. Pourrai-je envoyer le fameux télégramme : Réalisme pas mort. Lettre suit? Je.\n Desternes ( Débat à suivre.) 56