La Revue du Cinema (1947)

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JACQUES BOURGEOIS Le sujet et l'expression au cinéma à propos diHamlet et de Macbeth Les rapports du théâtre et du cinéma constituent peut-être le problème le plus actuel pour tous ceux qui s'efforcent de penser une esthétique de l'écran. Précisons tout d'abord qu'il n'est plus aujourd'hui question de théâtre filmé. Ce n'est plus à présent par goût de la facilité que l'on adapte à l'écran une comédie ou une tragédie. Il semble simplement qu'on soit en train de découvrir que le cinéma tout comme le théâtre est un art dramatique. Le triomphe d'Hainlet sur La Terre tremble au dernier Festival du Lido de \'enise en est un symptôme essentiel ■et fait prévoir la faillite prochaine de la tendance néo-réaliste. Le film de Visconti est en effet à la fois un sommet et un écueil sur lequel on vient s'échouer. Ce film extraordinairement concerté dans la mise en scène comme ■dans la photographie, et qui contient des moments parmi les plus beaux du cinéma de tous les temps, n'offre pas à notre émotion la moindre possibilité de fluctuation •dans le temps. Un sujet dramatique peut être en effet très mince, infiniment moins riche en contenu que l'expression de l'effritement de cette famille de pêcheurs siciliens, mais il doit présenter certaines variations d'intensité dans le cours de l'action (bien autre chose que la violence e.xtéricure) qui procurent des variations de tension chez le spectateur. Ces variations caractérisent justement l'œuvre au point de vue dramatique. Si cet admirable récit cinématographique qu'est La Terre iremble ne parvient pas à soutenir l'intérêt pendant plus d'un tiers de sa durée, cela prouve empiriquement que le néo-réalisme, qui prétend sublimer par la technique d'expression la plus raffinée n'importe quelle forme de la vie, fait fausse route. On ne peut pas dramatiser par le moyen d'une technique. On ne peut qu'exprimer plus ou moins bien un sujet qui doit être dramatique en soi. La musique, cet autre art du temps, est sujette à des lois équivalentes. En musique, notre émotion subit les variations de tension que traduit la loi suivant laquelle se succèdent les hauteurs des sons. Wagner a pu faire le prélude de Lolienqrin avec presque exclusivement des accords tenus, on conçoit difficilement une symphonie d'une heure et demie écrite dans la même manière. Telle est pourtant La Terre tremble qui finit par lasser, malgré son étonnante beauté. Donc, premier principe, pour faire un film, il faut un sujet aussi mince qu'on le voudra mais dramatique. Doit-on cependant éviter tel sujet éminemment dramatique sous prétexte qu'il est celui d'une intrigue de théâtre? Depuis quelque temps, on semble s'apercevoir qu'un bon sujet de pièce est aussi un bon sujet de film : pour que ce bon sujet devienne aussi un bon film, il s'agit seulement de trouver les moyens d'expression spécifiquement cinémato 57