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NOTRE ÉCRAN
La part d'un producteur dans le a réalisme )> américain
BRUTE FORCE (Les Démons de la Liberté). Rcalisation de Jules Dassin. Scénario et dialogue de Richard Brooks d'après le roman de Robert Patterson. PJiotographie : William Daniels. Musique : Miklos Rosza. I iiterprèles : Burt Lancaster, Hume Cronyn, Charles Bickford, etc. (Prod. Mark Hellinger, t'niversal-lnternational, Hollywood 1947.)
« Comme il pourrait être beau le métier du producteur ! » nous sommesnous exclamé ici-même et, bien souvent, devant tout ce qu'il serait facile de faire bien au cinéma et que la peur et le manque d'imagination empêchent indétînimcnt de réaliser.
Dans le n^ 5 de la jeune revue londonienne Séquence, où tout est à lire, Gavin Lambert parle avec à-propos de l'intervention efficace d'un producteur américain qui est mort récemment : Mark Hellinger. Hellinger était un actif reporter de faits divers avant d'aller à Hollywood, en 1937, et d'y produire pour Warner des films comme T/ie Roaring Tueniies et High Sierra puis, pour Universal-International, TJie Killers, Brute Force et The Xaked City. « Ces films, note Gavin Lambert , reflètent l'influence d'une personnalité remarquablement dynamique ; on y étudie le crime et la violence ; les racketeers et les gangsters y sont toujours « salés " et ils fini.s.sent mal. » Ils sont crus, durs, non sentimentau.x mais « l'élément sadique en est complètement absent. La violence y apparaît barbare, inévitable, souvent fanatique et — d'une façon très intéressante — désespérée non par suite de quelque tare cachée mais parce que la violence contraire de la police reste toujours la plus forte ; — point de vue réaliste et non moral. "
Brute Force (que Hellinger voulait faire, paraît-il, depuis huit ans) met sous les yeux les intrigues administratives d'un pénitencier et le complot d'un
groupe de prisonniers qui veulent s'évader. Le sous-directeur, qui est d'une méchanceté pathologique, veut profiter de ce coup pour obtenir de l'avancement et il provoque un massacre d'où ni lui ni aucun des comploteurs ne réchappe.
" Photographié par William Daniels (qui n'a pas eu pareille occasion de prouver ses réelles capacités depuis Greed et La Symphonie nuptiale de Stroheim), le film fait aussi connaître un talent nouveau : celui de Jules Dassin, qui, jusqu'alors, dirigeait des productions de second ordre aux studios M. G. M. (Caractéristique des productions Hellinger : Les Tueurs reste le meilleur ouvrage de Siodmak.) Malgré quelques retours en arrière dans le passé des prisonniers, brefs mais superflus et qui ne sont pas de la même qualité, Brute Force est un des meilleurs films de prison qu'on ait jamais fait ; à la fin, il n'y a pas de concessions. Hormis le sous-directeur (Hume Cronyn) et le fanatique organisateur de l'évasion (Burt Lancaster), les autres personnages ne sont des types particuliers que dans les limites de la situation ; mais la manière de Dassin frappe par sa vigueur extrême, — par son style lucide, implacable et d'une grande concision dramatique, par sa vigilance sur le détail du jeu des acteurs et du décor. »
Ajoutons que, si Stendhal prétendait écrire dans une langue aussi simple (jue celle du Code civil, Dassin, poussé
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